
Ils n’ont pas pu accéder au sommet de la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) – retenue d’eau occupant 16 hectares, quasiment la taille du Stade de France, et d’une contenance de 720 000 m³ d’eau – mais les manifestants se félicitaient, samedi 25 mars en fin de journée, du succès « historique » de leur mobilisation. Ce rendez-vous national, annoncé depuis plus de trois mois, a vu converger vers les petits bourgs de Melle et de Vanzay quelque 30 000 participants, la préfecture avançant de son côté le chiffre de 6 000 personnes en début de journée : des militants de toute la France, à qui se sont mêlées des délégations étrangères venues d’Italie, de Belgique, d’Espagne, de Suisse, d’Allemagne, représentant des sans-terre du Mali, du Chili, de Colombie, des peuples amérindiens…
Pourtant, le sentiment qui prédominait dans la soirée parmi les manifestants, dans la gadoue du camp de base à Vanzay, qui devait être démonté pour que les marcheurs rejoignent Melle pour une grande fête, était l’inquiétude et la colère face à « la violence » du dispositif de maintien de l’ordre.
Selon le commandement de la gendarmerie sur place, à 19 heures, le bilan s’élevait à vingt-quatre gendarmes blessés, dont un en « urgence absolue », et sept côté manifestants, dont un aussi en urgence absolue. « Ce dernier, comme le gendarme, a été héliporté par le SMUR et la gendarmerie vers les hôpitaux. Le gendarme, potentiellement, pourrait ne pas retrouver la mobilité de ses jambes », a expliqué le ministre de l’intérieur en fin de journée, tout en dénonçant la présence d’« un millier de personnes radicalisées ». Il a souligné « que les gendarmes qui ont procédé aux évacuations des manifestants blessés ont été pris à partie par les éléments les plus radicaux présents sur site ». Une quinzaine d’interpellations ont eu lieu depuis vendredi, avec douze gardes à vue. Les gendarmes ont usé de 4 000 grenades, dont des lacrymogènes et d’autres de désencerclement, ainsi que de tirs de lanceurs de balles de défense (LBD).
« Nous n’avions jamais vu un tel degré de violence »
De leur côté, les manifestants font état de 200 blessés : trois seraient en urgence absolue, dont un pour lequel le pronostic vital était engagé. Dans un communiqué, les organisateurs de la manifestation expliquent que « parmi eux, une quarantaine de personnes ont des plaies profondes et des éclats, surtout au niveau des jambes et du visage, à cause des grenades de désencerclement et des tirs de LBD. Une dizaine de blessés graves ont même été transférés au CHU. Un manifestant est dans le coma avec son pronostic vital engagé [dans la soirée, la préfecture a avancé que le pronostic vital n’était plus engagé], deux autres ont leur pronostic fonctionnel engagé ».
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