Dilatation pyélocalicielle chez le bébé : définition, causes, symptômes et traitements

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L’expert : Docteur Andreas Werner, pédiatre

Chaque année, la dilatation pyélocalicielle ou hydronéphrose touche 15 naissances sur 10 000 environ, plus volontiers les garçons, et représente environ la moitié des malformations congénitales.

La dilatation pyélocalicielle ou hydronéphrose, c’est quoi ?

Une maladie qui touche les cavités pyélocalicielles

« La dilatation pyélocalicielle ou hydronéphrose est une maladie qui touche l’appareil urinaire et particulièrement le bassinet et les calices des reins en particulier, appelée cavités pyélocalicielles. En réalité, la dilatation pyélocalicielle est consécutive à une rétention de l’urine, provoquée par un rétrécissement ou une obstruction sur le trajet de l’un ou des deux uretères, les conduits situés entre les reins et la vessie. Et généralement, elle provoque une augmentation de volume de ces structures », explique le Dr Andreas Werner, pédiatre à Villeneuve-lès-Avignon et vice-président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).

Les causes de la dilatation pyélocalicielle

« Cette pathologie a pour cause trois facteurs qui sont souvent des anomalies morphologiques créant des obstacles au passage de l’urine. On retrouve plusieurs anomalies : une obstruction haute (au-dessus de la vessie), une obstruction basse (en dessous de la vessie) et le reflux de l’urine vers les reins », ajoute le spécialiste.

Symptômes et conséquences d’un rein dilaté chez bébé : est-ce grave ?

En cas de dilatation haute et de reflux de l’urine vers le rein

« Dans deux cas d’anomalies, une dilatation pyélocalicielle chez bébé peut guérir spontanément : dans le cas de la dilatation haute, qui touche l’uretère entre le rein et la vessie, et se situe à la jonction avec celle-ci, ou alors dans le cadre d’un reflux de l’urine vers le rein », détaille le Dr Werner. En effet, la croissance de l’enfant fait que les structures et notamment les cavités s’étirent physiologiquement. Le problème rentre dans l’ordre spontanément et sans intervention médicale, généralement dans les deux premières années de vie de l’enfant.

En cas d’obstruction basse

« En revanche, en ce qui concerne l’obstruction basse, sous la vessie, le flux urinaire aura tendance à mal s’évacuer, voire à stagner en raison de la difficulté d’évacuation qu’il rencontre. Ce qui créera des infections urinaires plus facilement chez ces enfants. C’est aussi le cas lors de phymosis serrés. Pour ces garçons, il faudra envisager une circoncision ou une chirurgie de desserrement pour libérer le flux urinaire », poursuit le médecin. « Dans le cadre d’une infection urinaire, l’enfant aura de la fièvre, des douleurs abdominales, une sensation de brûlure en urinant… Mais en dehors de ces épisodes, une dilatation pyélocalicielle ne présentera pas de symptômes », ajoute le pédiatre. Des infections urinaires à répétition sont donc un premier signe d’alerte pour suspecter une dilatation pyélocalicielle chez un enfant.

Quel diagnostic pour une dilatation pyélocalicielle ?

La conduite à tenir dans ce genre de situation pour établir un diagnostic est de prescrire une échographie pour voir l’état des reins et des uretères, et d’instaurer une surveillance rapprochée de l’enfant. « En échographie, avec les appareils puissants dont nous disposons aujourd’hui, nous sommes capables de détecter un reflux de l’urine. L’uretère aussi, qui physiologiquement n’est quasiment pas visible, sera facilement détecté en cas de dilatation », précise le Dr Werner.

Auparavant, une antibiothérapie forte était en plus prescrite à ces enfants pour leur éviter ces infections urinaires à répétition. Une pratique qui a tendance à être abandonnée, selon le pédiatre, car il reste « difficile de prescrire des médicaments aussi forts sur le long terme, surtout si le grade du reflux n’est pas très important ». Cela continue de se faire pour les reflux de grade 3 ou 4, d’après le Dr Werner. Une surveillance rapprochée de l’enfant est donc mise en place et si la situation ne s’améliore pas, il faudra envisager d’opérer, selon la cause de la dilatation.

D’autres examens plus poussés, comme une cystographie (une radio de la vessie et de l’urètre) rétrograde, pour étudier la vidange de la vessie et ses troubles du fonctionnement par un suivi d’images radiologiques ou une scintigraphie rénale, qui consiste en une injection d’un traceur qui se fixe sur les reins. Ce dernier sera visible grâce à une caméra spécifique. Cet examen est réalisé en milieu hospitalier, au sein d’un service de médecine nucléaire.

Dilatation pyélocalicielle et grossesse

« Une dilatation pyélocalicielle peut même être détectée avant la naissance de l’enfant, lors des trois échographies réalisées pendant la grossesse », explique encore le Dr Andreas Werner. Et si les médecins estiment que cela peut altérer la fonction rénale de l’enfant à sa naissance, on peut opérer cette malformation in utero. « On place un cathéter en double J dans le bassinet du rein qui va permettre à l’urine produite par le fœtus de s’écouler dans le liquide amniotique. Cela évite à l’enfant de naître avec des reins abîmés ou qui ne fonctionneraient plus dès ses premiers jours de vie », conclut le spécialiste.



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