Photographie 1
« Reflets d’Amérique », de Tom Arndt
Représentant tardif et méconnu de la photo de rue américaine, en noir et blanc, Tom Arndt (né en 1944) a su prolonger cette tradition dans les années 1970 et 1980, en y ajoutant une ironie et une subjectivité qui ne sont pas sans évoquer le travail de Lee Friedlander. Cette première monographie en français, bien imprimée, donne à voir son art de la composition, qu’il a exercé dans différents lieux, en particulier dans sa ville natale de Minneapolis (Minnesota). Jouant sur les reflets des vitrines et sur ce qui peut s’y lire, il extrait des messages étranges, des visions un peu absurdes, pleines de vide et de mélancolie, où il intègre parfois son propre reflet. Et quand il s’éloigne des humains pour se focaliser sur les voitures et les camions, Tom Arndt traite les machines comme un ensemble de traits et de lignes, en sculpteur ou en peintre abstrait. Ce qui ne l’empêche pas de poser un regard empathique sur les campagnes de son Etat, peuplées de cow-boys semblant s’être trompés d’époque.
« Reflets d’Amérique », de Tom Arndt, Atelier EXB, 152 p., 45 €.
Photographie 2
« Stories », de James Barnor
Le Ghanéen James Barnor, 93 ans, a eu une carrière pour le moins originale : d’abord photographe de studio à Accra, au moment de l’indépendance (1957), il y devient l’un des premiers photojournalistes du pays. Puis il s’installe à Londres, où il poursuit sa formation et photographie la diaspora africaine pour des magazines comme Drum, avant de retourner au Ghana pour une troisième vie : il est chargé de développer des laboratoires couleur pour l’entreprise Agfa. Ce gros livre, qui accompagnait l’exposition de la Fondation Luma lors des Rencontres d’Arles, l’été dernier, donne à voir son talent pour les portraits féminins, ses images empathiques où flotte l’esprit du Swinging London. Il offre une plongée dans les riches archives du photographe, passé en une seule vie des négatifs sur plaque de verre à la photo couleur.
« Stories », de James Barnor, Maison CF/Fondation Luma, 300 p., 45 €.
Photographie 3
« Une histoire de la photographie », de Sylvain Besson
L’histoire de la photographie est bien plus vaste que celle des seuls chefs-d’œuvre signés d’artistes comme Man Ray ou Gustave Le Gray. C’est cette idée qui a guidé la constitution des collections du Musée Nicéphore-Niépce, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) : on y trouve l’histoire des appareils et des techniques photographiques, mais aussi celle de la diffusion de l’image et de son utilisation – à des fins de propagande, de recherche scientifique ou de publicité, pour constituer des albums photos… Concocté par le directeur des collections, Sylvain Besson, le livre retrace ces différentes approches possibles du médium pour finir sur l’histoire artistique. Il se concentre en particulier sur l’aspect social de cette pratique qui a changé la façon dont les humains se voient et se représentent. Une promenade à la fois originale et subjective dans cette histoire.
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