En dépit des menaces qui pèsent sur la croissance, les dividendes versés par les entreprises européennes devraient voler vers un nouveau record en 2023. Selon l’étude annuelle de la société de gestion Allianz Global Investors, publiée jeudi 26 janvier, les entreprises de l’indice MSCI Europe ont distribué en 2022 à leurs actionnaires 382 milliards d’euros, en progression de 23 %. Ce qui constitue un niveau jamais atteint.
Bientôt dépassé ? AllianzGI prévoit qu’en 2023, les entreprises européennes devraient augmenter de 1,3 % cette manne, pour la porter à 387 milliards d’euros. De quoi alimenter la polémique, dans le contexte inflammable de la réforme des retraites en France, au moment où les revenus du travail sont rognés par l’inflation.
Les dividendes qui seront versés en 2023 seront calculés en fonction des résultats obtenus sur l’exercice précédent. « Dans une année 2022 difficile sur le plan économique et géopolitique, les bénéfices des entreprises ont bien résisté dans l’ensemble », précise, dans un communiqué, Jörg de Vries-Hippen, responsable des actions européennes chez AllianzGI.
Très appréciés des investisseurs
Cependant, les perspectives de l’année en cours sont également prises en considération. Pour cette raison, on pourrait s’attendre à ce que les dirigeants se montrent prudents dans une conjoncture aussi incertaine. Mais autant le dividende est décrié par les politiques, les responsables syndicaux et une bonne partie de l’opinion publique, autant il s’avère très apprécié des investisseurs.
« Entre 1976 et fin décembre 2022, le dividende a représenté près de 35 % de la performance du MSCI Europe », souligne Hans-Jörg Naumer, à la tête d’un département de recherche chez AllianzGI. Quand les Bourses sont chahutées, comme en 2022, ces paiements peuvent compenser en partie la chute des cours. De leur côté, comme toute annonce négative sur le dividende est susceptible d’être perçue comme un signe de défiance par les marchés, les directeurs financiers conservent une marge de manœuvre limitée, même par gros temps.
En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, 75 % des entreprises de l’indice Stoxx Europe 600 ont retourné de l’argent à leurs actionnaires, contre environ 90 % traditionnellement
« Les dividendes ont tendance à être plus stables que les profits des entreprises. Il faut que des événements dramatiques interviennent pour que ces dernières coupent leur dividende », ajoute l’auteur de l’étude. En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, 75 % des entreprises de l’indice Stoxx Europe 600 ont retourné de l’argent à leurs actionnaires, contre environ 90 % traditionnellement. Cette année-là, 65 % des membres du CAC 40 ont servi leurs actionnaires, après l’appel à la « modération » lancé par un gouvernement français, désireux d’éviter que l’argent avancé par les contribuables ne serve à enrichir les actionnaires.
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