
En mars, le dessin est fêté partout à Paris. Au Salon du dessin, temple des belles feuilles anciennes sis au Palais Brongniart. Sur Drawing Now Art Fair, son pendant contemporain, au Carreau du Temple. Sans oublier la myriade de ventes aux enchères et de plus petits événements comme DDessin. C’est dire si le succès de ce marché de niche ne faiblit pas. Aux enchères, le volume des ventes de dessins a plus que triplé en vingt ans, pour bondir de 44 millions à 146 millions d’euros.
Prisé des acheteurs avertis, le médium offre une formidable porte d’entrée pour les débutants. Car il y en a pour tous les goûts, et tous les styles, du figuratif à l’abstrait, de l’impulsif au maîtrisé. Si la pratique prospère dans l’adversité, c’est qu’elle n’a rien de tape-à-l’œil. Pas d’esbroufe, pas de triche. « Un dessin ne peut mentir, c’est ce qui le rend si attachant », résume Christine Phal, fondatrice de Drawing Now.
« Le dessin, c’est spontané, c’est la transmission directe des premières pensées d’un artiste », rebondit Sébastien Castel, 50 ans. Voilà vingt-cinq ans, cet importateur rouennais de résine PVC a commencé à acheter des dessins, « pour 200-300 francs », précise-t-il. Un quart de siècle plus tard, il possède une collection plus que respectable, riche de quelques grands noms de l’histoire de l’art, comme Théodore Géricault. « C’est un monde très différent du reste du monde de l’art, les gens échangent leurs connaissances, on se sent accueilli quand on est jeune », reconnaît Sébastien Paraskevas, 34 ans. Surtout, ajoute-t-il, les dessins restent accessibles. « Pour 400 euros, on peut trouver un bon dessin anonyme aux enchères, pour moins de 5 000 euros, un dessin d’un artiste connu », confie le jeune Londonien.
Une cote raisonnable
Un dessin vaut généralement 40 % à 60 % moins cher qu’une peinture du même artiste. Les toiles pointillistes du peintre Henri-Edmond Cross (1856-1910) s’échangent habituellement pour quelques centaines de milliers d’euros. De ce contemporain de Paul Signac (1863-1935), la galerie AB présente, pour 6 500 euros au Salon du dessin, La Sieste, une feuille inachevée à la pierre noire représentant une femme endormie.
Christie’s propose pour sa part, le 22 mars, une étude d’Orphée par Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), en lien avec l’une des peintures murales de la bibliothèque publique de Boston. La composition est modeste, comme l’estimation, entre 3 000 et 5 000 euros. L’artiste a beau être connu pour ses grandes décorations du Panthéon et du grand amphithéâtre de la Sorbonne, sa cote reste raisonnable. Quoique sorti du purgatoire depuis une vingtaine d’années, le peintre d’antiques dont se sont réclamés les Nabis et les pointillistes n’est pas totalement réhabilité.
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