
L’Inde est l’« un des pays les plus fascinants » aux yeux de Patrick Pouyanné, comme le patron de TotalEnergies l’écrivait sur Twitter, en 2020. L’un des plus importants, surtout, dans la stratégie du géant français de l’énergie. La major pétrogazière entend s’imposer comme l’un des cinq principaux producteurs mondiaux d’électricité renouvelable d’ici à 2030, principalement grâce à l’éolien ou au solaire. Une façon de changer en partie d’image, même si elle prévoit que ses ventes dépendront encore à cet horizon en majorité de combustibles fossiles – gaz et produits pétroliers –, donc d’énergies responsables du réchauffement climatique.
Problème : depuis fin janvier, de récentes accusations fragilisent Adani, principal partenaire indien de TotalEnergies pour le gaz, mais aussi pour les énergies renouvelables. Un fonds spéculatif américain, Hindenburg Research, suspecte de fraude comptable le conglomérat dirigé par Gautam Adani.
Pour autant, malgré le contexte, TotalEnergies entend conserver dans l’immédiat sa participation dans Adani Green (20 % depuis 2021), filiale spécialisée dans les renouvelables. « Les projets renouvelables en production et en développement d’Adani Green en Inde sont très concrets : ils produisent de l’énergie et génèrent des revenus », déclare au Monde TotalEnergies. L’entreprise ne voit « aucune raison de vouloir arrêter les actifs en production ou les chantiers en cours ». « Notre investissement en Inde est industriel, pas financier », ajoute-t-elle.
En matière d’électricité renouvelable, la présence de TotalEnergies en Inde consiste, pour plus de quatre cinquièmes, en des participations avec Adani. Le restant étant représenté par une joint-venture entre Total Eren et EDF Renouvelables.
L’Inde abrite, à elle seule, près d’un tiers des capacités brutes installées d’électricité renouvelable du groupe TotalEnergies. C’est-à-dire celles qui sont déjà opérationnelles pour la production, selon un décompte arrêté en 2022. Cela tient en particulier aux panneaux solaires, loin devant l’éolien terrestre, avec respectivement 4,9 gigawatts (GW) et 0,4 GW de puissance. Soit davantage que pour l’Amérique du Nord (5,1 GW) ou pour la France (1,5 GW). Pour la firme, l’Inde constitue aussi une part non négligeable (16 %) des projets d’électricité « verte » en cours de construction, avec 1 GW en chantier.
Plus « prudent » sur l’hydrogène
Sur les dossiers moins avancés, TotalEnergies temporise. Le groupe comptabilise en Inde 4,5 GW de capacités brutes dites en développement, c’est-à-dire des projets identifiés dont la construction n’a pas encore débuté. « Il est trop tôt pour dire si le rythme de croissance d’Adani Green devra être adapté », répond la société dirigée par Patrick Pouyanné au sujet de ces projets-là.
Il vous reste 37.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.