
« La plus importante escroquerie de l’histoire », dont est accusé le géant indien Adani dans un rapport détaillé du fonds spéculatif américain Hindenburg Research, donne des sueurs froides à TotalEnergies. Ce texte, publié le 24 janvier, accuse le conglomérat indien de fraudes comptables et de manipulations ayant permis de gonfler artificiellement sa valorisation. Des accusations rejetées par le groupe Adani qui a dénoncé une attaque « injustifiée » et « malveillante ». En l’espace d’un mois, sa capitalisation boursière a fondu de 60 %, soit l’équivalent de 145 milliards de dollars (134 milliards d’euros). Début mars, la Cour suprême indienne a formé un comité d’experts pour enquêter sur de possibles irrégularités.
Cette fois, Hindenburg Research, dont la spécialité est de parier sur la baisse du cours d’entreprises au management déficient, pointe du doigt le rôle joué par TotalEnergies dans cette « escroquerie ». Le fonds spéculatif tire son nom de la catastrophe du zeppelin Hindenburg, un dirigeable géant détruit par un incendie lors de son atterrissage aux Etats-Unis en 1937, « une catastrophe totalement provoquée par l’homme et totalement évitable », indique le fonds sur son site Web.
Le patron fondateur d’Hindenburg Research, Nathan Anderson détaille auprès du Monde les multiples griefs portés à l’encontre de la major française, tout en affirmant n’avoir pas parié contre elle, alors qu’il a spéculé à la baisse contre le groupe Adani. M. Anderson accuse TotalEnergies d’avoir « au mieux, fermé les yeux et au pire, d’avoir été complice » des « problèmes » du groupe Adani, en lien avec la manipulation des cours de Bourse de deux de ses filiales, Adani Green Energy et Adani Total Gas, dont le français est coactionnaire. Des accusations auxquelles le groupe tricolore a refusé de répondre directement.
Au peigne fin
Après avoir passé au peigne fin, pendant dix-huit mois, les bilans comptables du géant indien Hindenburg Research s’est dit interpellé par une opération impliquant le pétrolier français. En l’occurrence, son acquisition, en 2020, de 37,4 % de la filiale Adani Gas, qui possède de nombreuses licences de distribution de gaz dans le pays.
La loi indienne oblige tout acquéreur d’une participation dans une entreprise cotée en Bourse, à déposer d’abord une offre publique d’achat (OPA) avant de racheter les parts des principaux actionnaires, en l’occurrence la famille Adani. Ce fut chose faite en octobre 2019. TotalEnergies propose de racheter plus de 277 millions d’actions pour une valeur totale de 584 millions de dollars. Mais l’OPA se solde par un fiasco qui a de quoi surprendre : seuls 595 titres, sur les 277 millions convoités, lui sont vendus pour la somme dérisoire de 1 254 dollars.
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