
Au lendemain de la décision du gouvernement d’utiliser le 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de France vendredi 17 mars. A Paris, Lyon et Strasbourg, des heurts se sont produits dans la soirée en marge de ces manifestations.
Affrontements avec les forces de l’ordre place de la Concorde à Paris
Quelque 2 500 manifestants se sont rassemblés vendredi soir place de la Concorde à Paris, comme la veille, après plusieurs actions de lycéens et d’étudiants dans la journée. La foule a grossi vers 19 heures, dans une ambiance jusque-là plutôt calme.
Puis certains manifestants ont allumé un brasier, et l’ambiance s’est tendue à la tombée de la nuit. Des centaines de personnes ont alors affronté la police par petits groupes, jetant des projectiles.

Écouter aussi Réforme des retraites : après le 49.3, le risque d’une explosion sociale
Vers 21 h 30 la place a été totalement évacuée. Selon la préfecture de police, 61 personnes y ont été interpellées dans la soirée.
La mairie du 4e arrondissement saccagée à Lyon, 36 personnes interpellées
A Lyon, la mairie du 4e arrondissement a été prise pour cible vendredi soir lors d’un rassemblement contre le projet de réforme des retraites, qui a donné lieu à d’autres tensions dans le centre-ville et à 36 interpellations, selon la préfecture.
Partis du centre de Lyon en début de soirée, où ils étaient quelques centaines, les manifestants, majoritairement de jeunes militants d’extrême gauche, ont ensuite joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, se répartissant en petits groupes dans des rues étroites. Les heurts et réactions policières se sont poursuivis jusqu’à près de minuit, dans le 4e, puis le 6e arrondissement de Lyon.
#Lyon #ReformesDesRetraites #manifestation #article49_3 Un cortège a pris le départ de la place des #Jacobins et r… https://t.co/yc6BjD7bKX
Ils ont mis le feu à des poubelles, renversé des trottinettes, brisé des panneaux publicitaires et tagué des vitrines de commerces, scandant : « C’est à qui ? C’est à qui ? C’est à nous ! ». Ils ont lancé des pétards, pendant que les CRS répliquaient par l’usage de gaz lacrymogène.
En fin de soirée, ils s’en sont pris à la mairie du 4e arrondissement, sur le plateau de la Croix-Rousse. Après avoir cassé la porte d’entrée du bâtiment, ils sont parvenus à entrer puis ils « ont essayé de mettre le feu », mais « les policiers sont intervenus rapidement et ont réussi » à l’éteindre, selon la préfecture, qui a évoqué une « mairie vandalisée ».
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Dans un tweet, la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, a condamné « fermement l’intrusion et le saccage de la mairie ».
La Préfète F. BUCCIO condamne fermement l’intrusion et le saccage de la mairie du 4ème arr de #Lyon. Elle salue éga… https://t.co/3mMg9XBj2Q
— prefetrhone (@Préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône)
Le maire de Lyon, Grégory Doucet (Europe écologie-Les verts), a, lui aussi sur Twitter, condamné des « dégradations intolérables » de ce « bâtiment public ». « A cette heure, interpellations ont été réalisées », a tweeté la préfecture peu avant 1 heure.
Boutiques et mobilier urbain vandalisés à Strasbourg
A Strasbourg, c’est sur la place Kléber que se sont retrouvés 1 600 protestataires. « Nous aussi, on va passer en force », ont scandé les manifestants. La préfecture a fait état de « dégradations » dans le centre-ville, mais d’aucune interpellation.
Sur Twitter, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a condamné « fermement les dégradations commises par des manifestants dans le centre-ville de Strasbourg » et apporté son « total soutien à la police nationale (…) qui a dû intervenir à plusieurs reprises pour rétablir le calme ».
Selon le quotidien régional Les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), les portes vitrées des Galeries Lafayette ainsi qu’un abribus ont été brisés, la circulation des tramways a également été perturbée. Des manifestants ont également « renversé du mobilier, des pots de fleurs, vidé des poubelles par terre » et allumé des « feux de détritus » et « de palettes », d’après le journal.
Peu après 22 heures, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule sur une place en périphérie de l’hypercentre, selon les DNA.
Une journée de mobilisation le 23 mars, à l’appel de l’intersyndicale
Jeudi, 310 personnes avaient été interpellées en France, dont 258 à Paris, a annoncé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, dénonçant « des effigies brûlées » à Dijon et des « préfectures prises pour cible ».
Dans le même temps, l’intersyndicale a appelé à « des rassemblements locaux de proximité » ce week-end, ainsi qu’à une 9e journée de grèves et manifestations jeudi 23 mars.
Les syndicats de la SNCF appellent à « maintenir la grève » reconductible démarrée le 7 et « à agir massivement » jeudi prochain.