🌊 Le changement climatique accroit la puissances des vagues

19 lectures 16 nov. 2023, 15:05

L’analyse de plus de 30 ans de signaux sismiques sur Terre permet de mesurer l’évolution de l’intensité des vagues via le grondement océanique. Or, ce grondement s’amplifie avec le réchauffement climatique

Depuis la fin des années 1980, les stations sismiques numériques modernes du monde entier prennent littéralement le pouls de la planète. Et, le vrombissement bas et régulier des vagues océaniques – autrefois considéré comme un bruit de fond par les sismologues – s’intensifie depuis la fin du XXe siècle, selon une étude menée par l’Université d’État du Colorado.

Cette étude, publiée dans Nature Communications, examine les données de 52 stations sismiques qui enregistrent les mouvements de la Terre toutes les secondes depuis plus de 35 ans. Ces enregistrements constituent une base intéressante et solide pour analyser le bruit de fond des vagues océaniques.
« La sismologie peut fournir des mesures stables et quantitatives sur ce qui se passe avec les vagues océaniques mondiales et compléter les études utilisant des méthodes satellites, océanographiques et autres« , a déclaré l’auteur principal Rick Aster, professeur de géophysique à l’Université d’État du Colorado et chef du Département de géosciences.

Aster et ses coauteurs, avec le U.S. Geological Survey et l’Université Harvard, ont étudié le microséisme primaire – un signal sismique créé par de grandes vagues à longue période alors qu’elles se déplacent sur des zones plus peu profondes de l’océan mondial. Le fond marin dans les régions côtières subit la poussée constante de ces vagues, et ces variations de pression génèrent des ondes sismiques captées par les sismographes.

Normalement, les sismographes sont utilisés pour surveiller et étudier les séismes, mais ils détectent également de nombreuses autres tremblements issus des mouvements glaciaires, glissements de terrain, éruptions volcaniques et même de certains météores qui explosent dans l’atmosphère ainsi que les activités humaines.

« À mesure que l’atmosphère et l’océan se réchauffent, elles contiennent plus d’énergie, donc les tempêtes deviennent plus intenses, et les vagues océaniques générées par les tempêtes augmentent en taille et en énergie« , a déclaré Aster qui ajoute que « les vagues océaniques de plus en plus énergiques augmentent directement l’intensité des ondes sismiques« , ondes qui sont donc enregistrées par les sismographes.

Ainsi, Aster et ses collègues ont constaté que l’énergie moyenne des vagues océaniques à l’échelle mondiale a augmenté à un taux médian de 0,27 % par an depuis la fin du XXe siècle puis de 0,35 % par an depuis janvier 2000.

Ceci se traduit par des vagues plus imposantes et des marées de tempête plus importantes, qui combinées à la montée du niveau de la mer, accentuent les risques pour les écosystèmes côtiers, les villes et les infrastructures, comme en Bretagne par exemple.

Quelles sont les régions du monde les plus menacées ?

L’étude des signaux sismiques montre que les vagues dans l’océan Austral notoirement tempétueux autour de l’Antarctique étaient, de manière prévisible, les plus intenses de la planète. Mais ce sont les vagues de l’Atlantique Nord qui ont connu la plus forte intensification au cours des dernières décennies, reflétant l’intensification des tempêtes entre l’est de l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale.

Les conséquences du réchauffement climatique planétaire s’expriment clairement dans la montée en puissance du bruit de fond océanique détecté par les sismographes. Les récentes tempêtes relativement fortes qui se succèdent sur la façade atlantique de l’Europe de l’ouest et la formation extraordinaire du cyclone Pablo près de côtes espagnoles et françaises en 2019 pourraient en être les témoins.