🐟 Ces chalutiers gĂ©ants qui vident la Manche de ses poissons

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Capture écran de la vidéo de Greenpeace qui perturbe le Margiris en Australie en 2012
Auteur : Greenpeace – Licence : DR

Plusieurs imposants navires de pĂȘche industrielle sont Ă  l’oeuvre dans la Manche, ils vident littĂ©ralement cette mer de ses poissons, laissant des miettes aux artisans pĂȘcheurs français et anglais. Une illustration de l’irresponsabilitĂ© de la pĂȘche industrielle, en Europe.

Contrairement aux propos rassurants du secrĂ©taire d’Etat chargĂ© de la mer qui affirmait fin novembre 2023 sur France 2 que les chalutiers gĂ©ants (dont une majoritĂ© de nĂ©erlandais) ne pĂȘchent pas dans les eaux territoriales françaises, plusieurs bateaux-usine vident littĂ©ralement la Manche de ses poissons depuis plusieurs annĂ©es.

Des navires-usines vident la Manche de ses poissons

Deux navires usines pĂȘchaient dans la Manche entre le 10 octobre et 25 octobre 2019. Il s’agit du Margiris, l’un des plus gros chalutiers du monde (Hollandais, interdit de pĂȘche en eaux australiennes depuis 2013) et d’Annie Hillina – (Chalutier gĂ©ant Allemand). Ils ruinent autant la vie aquatique que les petits pĂȘcheurs (notamment français) qui doivent se contenter de ce qu’il reste.

Le Margiris est un chalutier gĂ©ant de prĂšs de 9 500 tonnes et de 143 mĂštres de long. Au 14 octobre 2019, il pĂȘchait au large de la ville anglaise de Brighton, dans la Manche, Ă  seulement 25 km de l’Annie Hillina, un bateau usine de prĂšs de 2 500 tonnes et 84 mĂštres de long. Tous les deux ont plus de 35 ans d’Ăąge (construits en 1985 et 1981 respectivement).

Déjà en août 2012, Greenpeace avait perturbé le Margiris dans son arrivée au port de Port Lincoln en Australie :


StĂ©phane Pinto, marin-pĂȘcheur Ă  Boulogne-sur-Mer, et vice-prĂ©sident du ComitĂ© RĂ©gional des PĂȘches Maritimes et des Elevages Marins (CRPMEM) Hauts de France prĂ©cisait les quantitĂ©s pĂȘchĂ©es par ces chalutiers gĂ©ants Ă  RTL : « 250 tonnes de poisson par jour, cela reprĂ©sente les quantitĂ©s pĂ©chĂ©s pour cinq navires mais sur l’annĂ©e. De petits bateaux comme nous, c’est 50 tonnes par an« .

Pour donner un ordre de grandeur, une orque mange de 60 Ă  80 kg de poissons par jour, un phoque de 2 Ă  6 kg de poissons par jour. Autrement dit, un chalutier industriel comme le Margiris prĂ©lĂšve autant de poissons que l’Ă©quivalent de 3 600 orques ou 62 500 phoques en une seule journĂ©e…

Sea Sheperd avait dĂ©jĂ  documentĂ© une opĂ©ration de pĂȘche du Annie Hillina pendant l’hiver 2018 au large du Golfe de Gascogne. « Un vĂ©ritable carnage. On s’inquiĂšte Ă  la fois pour les populations de poissons ciblĂ©s mais Ă©galement pour les nombreux dauphins qui vivent en Manche et qui vont mourir en grand nombre, loin des yeux et des consciences. » accuse l’association de dĂ©fense des animaux marins.


DĂ©but dĂ©cembre 2020, pas moins de 8 chalutiers gĂ©ants pĂȘchaient au large de FĂ©camp (Seine Maritime, Normandie). Chacun de ces navires, nĂ©erlandais, allemand, mais aussi français (avec le nouvel arrivant Scombrus rĂ©cemment baptisĂ© Ă  Concarneau) peut pĂȘcher jusqu’Ă  200 tonnes de poissons par nuit.

Parmi eux Ă©galement, le tristement cĂ©lĂšbre Annie Hillina, filmĂ© par Sea Sheperd par drone dans le golfe de Gascogne avec dans son sillage, des milliers de poissons morts, rejetĂ©s par-dessus bord. Ce bateau bĂ©nĂ©ficie du label « PĂȘche Durable » MSC.

En outre, ces navires-usines ne sont pas seuls et une multitude de navires de pĂȘche de taille plus restreinte pĂȘchent Ă©galement dans la Manche.

Soulignons qu’il ne s’agit pas seulement de stocks de poissons, mais aussi de piĂšges mortels pour toute la faune marine : oiseaux marins, cĂ©tacĂ©s (baleines, dauphins…), thons et requins, qui si ils ne sont pas tuĂ©s involontairement, ne trouveront plus de sources de nourriture…

Les petits pĂȘcheurs et Sea Shepherd rĂ©clament l’interdiction de ces chalutiers gĂ©ants

Les artisans pĂȘcheurs et Sea Sheperd rĂ©clament l’interdiction de ces monstres industriels qui dĂ©truisent massivement la faune marine.

Sea Sheperd en profite pour rappeler au collectif anti-phoque dans les Hauts de France et aux tueurs de phoques que « le Margiris pĂȘche en 4 jours de mer, l’Ă©quivalent de ce que mange toute la population de phoques en France en 1 AN… » et propose mĂȘme de faire un « collectif anti chalutiers gĂ©ants… On vous y aidera ! »

Cependant, tous les artisans pĂȘcheurs ne sont pas forcĂ©ment responsables : les observations, houleuses, de Sea Sheperd sur la cĂŽte Atlantique française montrent que les prises accessoires des petits navires de pĂȘche français tuent aussi de nombreux dauphins et requins.

2022 : Sea Sheperd lance l’opĂ©ration « Ocean Killers »

En dĂ©cembre 2021, le carnage continuait : En l’espace de 4 jours seulement, les Ă©quipes de Sea Sheperd ont pu filmer huit chalutiers gĂ©ants (Afrika, Maartje Theadora, Zeeland, Scombrus, Dirk Dirk, Alida, Frank Bonefaas et Annie Hillina) Ă©voluant au nord-nord-ouest de FĂ©camp/Le Havre jusqu’au Nord-Est de Cherbourg.

« Si plusieurs nationalitĂ©s se partagent « le gĂąteau », les navires battant pavillon nĂ©erlandais vampirisent de plus en plus les eaux françaises. Le seul pavillon français est arborĂ© par le Scombrus, navire de l’entreprise France PĂ©lagique qui, – comme son nom ne l’indique pas – appartient en totalitĂ© Ă  la Holding nĂ©erlandaise Cornelis Vrolijk. Pourquoi la France accorde-t-elle Ă  ces navires le droit de piller ainsi ses eaux territoriales ? » s’interroge Sea Sheperd qui vient de lancer, dĂ©but 2022, l’opĂ©ration « Ocean Killers ». Celle-ci « vise Ă  braquer les projecteurs sur les navires-usines gĂ©ants qui pillent l’ocĂ©an, s’octroyant la majoritĂ© des quotas et des subventions publiques. Un scandale environnemental, Ă©conomique et sociĂ©tal. »

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Le navire de pĂȘche Frank Bonefaas
© Sea Sheperd – Licence : Tous droits rĂ©servĂ©s

A la fin de l’automne 2023, Sea Sheperd dĂ©nombrait neuf chalutiers gĂ©ants (plus de 80 mĂštres), pĂȘchant simultanĂ©ment dans la Manche, dont six en eaux françaises. « En 24 heures, un navire comme le Afrika (navire nĂ©erlandais de 126 mĂštres) a menĂ© 6 opĂ©rations de pĂȘche sur une zone trĂšs restreinte de la Manche, Ă  moins de 12 miles des cĂŽtes de Boulogne-sur-Mer, dans les eaux territoriales françaises », prĂ©cise Sea Sheperd dans un communiquĂ©.


Notre responsabilitĂ© est directement engagĂ©e puisque les 3/4 des poissons en France sont achetĂ©s en grande distribution et proviennent essentiellement de la pĂȘche et de l’Ă©levage industriels. « In fine, les citoyens sont dĂ©libĂ©rĂ©ment trompĂ©s, puisque la grande distribution se vante de vendre du poisson durable, alors que 83 % des poissons portant le label MSC « pĂȘche durable » — en situation de monopole — proviennent de pĂȘcheries industrielles et destructrices », s’indigne l’association Bloom.


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