🐾 Chaque annĂ©e, des dizaines de millions de grenouilles sont chassĂ©es cruellement pour la « gastronomie » française

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Cuisses de grenouilles qui mijotent
© LenkaZ – Licence : Pixabay

Si les menus Ă  base de cuisses de grenouilles ne sont pas courants, la France importe tout de mĂȘme entre 60 et 200 millions de grenouilles par an, principalement d’IndonĂ©sie. Une luxure qui masque un dangereux saccage de la nature Ă  l’Ă©tranger alors que les espĂšces françaises ont Ă©tĂ© en grande partie dĂ©cimĂ©es.

Les Français sont volontiers qualifiĂ©s de « Froggies » (« mangeurs de grenouilles ») par les anglais choquĂ©s de savoir que certains mangent des cuisses de grenouilles. Outre la caricature (assez peu de personnes mangent des cuisses de grenouilles en France), ce sont, au contraire, les anglais qui Ă©taient prĂ©curseurs en la matiĂšre comme le rĂ©vĂšlent des fouilles rĂ©alisĂ©es en avril 2013 aux environs du cĂ©lĂšbre site mĂ©galithique de Stonehenge. Plus de 650 ossements d’animaux y ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dont des arĂȘtes de poissons, des restes d’auroch – l’ancĂȘtre du bovin – mais aussi des os de cuisses de grenouilles datant de 7 596 Ă  6 250 avant notre Ăšre ! « Ils avaient vraiment des ressources alimentaires riches, ils mangeaient tout ce qui bougeait. Mais nous ne nous attendions pas Ă  des cuisses de grenouilles« , a commentĂ© David Jacques, l’un des chercheurs issu de l’universitĂ© de Buckingham. Celui-ci formule une hypothĂšse : « Les cuisses de grenouilles sont pleines de protĂ©ines et trĂšs rapides Ă  cuisiner, c’Ă©tait un peu l’Ă©quivalent du fast-food au MĂ©solithique. »

En France, les cuisses de grenouilles ont commencĂ© Ă  ĂȘtre consommĂ©es qu’Ă  partir du XIIe siĂšcle. La demande a fortement augmentĂ© aprĂšs la seconde guerre mondiale et on continue aujourd’hui de « dĂ©guster » des cuisses de grenouilles dans les restaurants « gastronomiques ». Or, depuis les annĂ©es 1970, les espĂšces françaises de grenouilles sont protĂ©gĂ©es car elles sont menacĂ©es d’extinction, comme nombre d’amphibiens qui ont vu leur habitat se rĂ©duire dramatiquement et leur chance de survie diminuer significativement avec la fragmentation de leur espace vital par les axes de circulation.

C’est pourquoi, les cuisses de grenouilles consommĂ©es sont majoritairement des espĂšces tropicales et donc importĂ©es. Il s’agit d’un commerce important et lucratif puisque chaque annĂ©e, le premier exportateur mondial, l’IndonĂ©sie, vend prĂšs de 5 000 tonnes de cuisses de grenouilles principalement Ă  destination de la France (3 000 Ă  4 000 tonnes) et des Etats-Unis.

En considĂ©rant qu’un kilo de cuisses de grenouilles correspond Ă  entre 20 et 50 grenouilles (Veith et al. 2000), la gastronomie française tue donc entre 60 millions et 200 millions de grenouilles chaque annĂ©e !

En utilisant la mĂ©thode molĂ©culaire du Barcoding – qui permet d’identifier les espĂšces Ă  partir d’une courte sĂ©quence de leur ADN – des chercheurs de l’Institut de systĂ©matique, Ă©volution et biodiversitĂ© (MusĂ©um national d’Histoire naturelle/CNRS/EPHE/UPMC) ont pu identifier les espĂšces contenues dans les sachets de cuisses de grenouilles surgelĂ©s achetĂ©s en magasins.
Dans 99 % des cas, le consommateur ne mange pas l’espĂšce dont le nom est inscrit sur l’emballage. Pour les non-initiĂ©s, il est difficile de faire la distinction entre les diffĂ©rentes grenouilles mais pour les taxonomistes, il existe une rĂ©elle diffĂ©rence entre l’espĂšce annoncĂ©e sur l’Ă©tiquette la Rana macrodon (une espĂšce endĂ©mique d’IndonĂ©sie, vulnĂ©rable), et l’espĂšce rĂ©ellement vendue, Fejervarya cancrivora (un espĂšce Ă©galement prĂ©sente en IndonĂ©sie). « Dans la classification, ces deux espĂšces de grenouilles sont aussi Ă©loignĂ©es que la vache et le mouton » souligne le MusĂ©um national d’Histoire naturelle.

Or, ces espĂšces de grenouilles ne proviennent pas d’Ă©levages (difficiles Ă  mettre en oeuvre) mais sont prĂ©levĂ©es directement dans la nature… Une pratique qui pose un certain nombre de problĂšmes Ă©cologiques :

  • bien que prĂ©sentes dans de larges rĂ©gions asiatiques et pacifiques (de l’Inde Ă  la Nouvelle GuinĂ©e), la population de Fejervarya cancrivora risque de dĂ©cliner avec une telle pression, principalement en IndonĂ©sie. Pour l’instant, sa population au niveau mondial est en augmentation et l’espĂšce n’est pas considĂ©rĂ©e comme menacĂ©e par l’UICN.
  • Les Ă©cosystĂšmes qui abritent les grenouilles (dont des mangroves) sont appauvris et dĂ©sĂ©quilibrĂ©s, favorisant la prolifĂ©ration des moustiques et autres insectes qui peuvent ensuite nuire aux cultures. Raison qui a poussĂ© l’Inde, en 1987 Ă  interdire l’exportation de grenouilles.
  • Un grand nombre de grenouilles chassĂ©es dans la nature sont dĂ©capitĂ©es et/ou dĂ©pecĂ©es vivantes pour en extraire leurs prĂ©cieuses cuisses et une minoritĂ© agonise pendant le transport. Une souffrance totalement inutile.
  • Aucune Ă©tude scientifique n’a Ă©tĂ© menĂ©e sur les effets de cette collecte sur les populations de grenouilles et sur la biodiversitĂ© de l’IndonĂ©sie. Il sera certainement « trop tard » lorsque l’alerte sera lancĂ©e…

Ces rĂ©sultats soulignent la nĂ©cessitĂ© d’Ă©tudes Ă  grande Ă©chelle pour Ă©valuer l’Ă©tat des populations sauvages afin de mieux les protĂ©ger et nous rappellent que manger de la viande, de plus importĂ©e, n’est plus nĂ©cessaire.

Un enfer de souffrance pour les grenouilles

Une enquĂȘte menĂ©e par PETA Asie sur l’industrie indonĂ©sienne de la viande de grenouille montre que ce marchĂ© cache une immense souffrance animale. Comme en tĂ©moigne la vidĂ©o ci-dessous de PETA Asie, « des employĂ©s capturent des grenouilles dans la nature et les entassent dans des sacs extrĂȘmement chargĂ©s, provoquant l’asphyxie et la mort de bon nombre d’entre elles. Ils les laissent parfois agoniser dans ces sacs pendant deux longues journĂ©es.
La vidĂ©o montre une employĂ©e en train de frapper des grenouilles vivantes contre le sol tout en faisant le tri entre les animaux vivants et morts. D’autres employĂ©s utilisaient des couteaux pour trancher la tĂȘte et les pattes des grenouilles. Certaines sont complĂštement dĂ©capitĂ©es, tandis que d’autres ne le sont que partiellement, et des ouvriers coupent Ă©galement les pieds des grenouilles avant de leur trancher la tĂȘte.
De nombreuses grenouilles sont encore vivantes et bougent toujours lorsque les ouvriers leur arrachent la peau. Les enquĂȘteurs ont constatĂ© que la bouche des grenouilles s’ouvrait et se fermait aprĂšs la dĂ©capitation et que leur corps sans tĂȘte remuait pendant plusieurs minutes aprĂšs l’abattage. » prĂ©cise un communiquĂ© de PETA France.


Or, ces images ne sont pas un cas isolĂ© « puisque les enquĂȘteurs ont constatĂ© des actes de cruautĂ© flagrante Ă  l’égard des amphibiens dans toutes les installations sĂ©lectionnĂ©es au hasard qu’ils ont visitĂ©es en IndonĂ©sie. » C’est pourquoi, PETA Asie a dĂ©posĂ© une plainte auprĂšs des autoritĂ©s compĂ©tentes en IndonĂ©sie.

Quid des Ă©levages de grenouilles ?

DiffĂ©rentes vidĂ©os montrent des Ă©levages, parfois trĂšs intensifs, de grenouilles. La plupart de ces fermes de grenouilles proviennent de ThaĂŻlande, de Malaisie, d’Inde, de Chine, de Singapour Ă  destination du marchĂ© local mais aussi des Etats-Unis oĂč les Ă©coles et laboratoires achĂštent des grenouilles pour « la science et l’Ă©ducation » : un business lucratif et cruel…


Ferme intensive de grenouilles en Chine Ă  destination de la consommation humaine

MĂȘme en France, les fermes de grenouilles s’installent comme dans la DrĂŽme.

Nous avons, en tant que consommateur une responsabilitĂ© vu que la France est l’un des plus grands importateurs de grenouilles. Amateurs de cuisses de grenouilles, vous savez ce qu’il reste Ă  faire !
PETA fait Ă©galement circuler une pĂ©tition appelant Carrefour, Auchan, IntermarchĂ©, Leclerc, Super U, Picard et d’autres enseignes Ă  couper les liens avec cette exploitation cruelle et destructrice de l’environnement.


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