đŸš« Baisse de la limitation de vitesse sur le boulevard pĂ©riphĂ©rique parisien Ă  50 km/h : une bonne idĂ©e ?

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Voitures sur le périphérique parisien
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Depuis le 7 janvier 2014, la nouvelle limitation de vitesse sur le boulevard pĂ©riphĂ©rique parisien est passĂ© Ă  70 km/h. Cette limitation de vitesse devrait passer Ă  50 km/h en 2024. Objectif affichĂ© par la Ville de Paris : rĂ©duire la pollution de l’air, les nuisances sonores, et faire baisser le nombre d’accidents.

Chaque jour, 1,3 millions de vĂ©hicules parcourent au total 7,7 millions de kilomĂštres sur le boulevard pĂ©riphĂ©rique parisien long de 35 km qui dessert Paris, la capitale. C’est considĂ©rable : cela reprĂ©sente 40 % de la circulation automobile de Paris et de 1 Ă  2 % du trafic national ! ConsĂ©quence : cet axe est la plupart du temps encombrĂ© et fortement polluĂ©.

Pour amĂ©liorer quelque peu cette situation sans trop bouleverser la vie des franciliens, la Mairie de Paris diminuait la vitesse limite de 80 Ă  70 km/h le 10 janvier 2014, une mesure alors impopulaire[1]. « Je voudrais donner un argument trĂšs consensuel pour entraĂźner l’adhĂ©sion sur cette mesure du dĂ©but de l’annĂ©e 2014 : la certitude que nous avons tous, c’est que cela fera baisser le nombre de blessĂ©s et de tuĂ©s sur le pĂ©riphĂ©rique. Alors, contestez, mais s’il y a moins de blessĂ©s et moins de tuĂ©s sur le pĂ©riphĂ©rique grĂące Ă  une baisse de la vitesse, je prends, j’assume, je revendique. » dĂ©clarait Bertrand DelanoĂ«, lors de ses vƓux au Conseil de Paris, le 7 janvier 2014.

Suite Ă  son annonce du 22 novembre 2023, la Mairie de Paris projette d’abaisser la limitation maximale de vitesse Ă  50 km/h (au lieu de 70 km/h) en septembre 2024.
« Dans le cadre du nouveau Plan Climat 2026-2030 de la Ville de Paris, le boulevard pĂ©riphĂ©rique va se transformer Ă  l’occasion des Jeux de Paris. Une voie dĂ©diĂ©e au covoiturage et aux transports publics sera crĂ©Ă©e et pĂ©rennisĂ©e, tandis que la vitesse sera limitĂ©e Ă  50 km/h aprĂšs les Jeux », prĂ©cise le site de la Mairie de Paris.

Pourquoi limiter la vitesse maximale autorisée ?

Diminuer la vitesse sur le boulevard périphérique est une mesure qui permet de répondre en grande partie à 4 objectifs :

  1. rĂ©duire le nombre d’accidents de la route ;
  2. diminuer le bruit du trafic routier ;
  3. baisser la pollution de l’air ;
  4. et fluidifier le trafic.

Malgré une forte résistance et les propos infondés de certains automobilistes, la mesure de réduction de la vitesse de 2014 a été trÚs bénéfique.

Les bénéfices de la réduction de vitesse du périphérique parisien en 2014

Le trafic routier s’est fluidifiĂ©

Ainsi, le trafic s’est fluidifiĂ© : en moyenne, aux heures de pointe du matin, la vitesse moyenne de circulation est passĂ©e de 32,6 km/h en 2013 Ă  38,4 km/h en 2014, soit une progression de 18 %. Le soir, elle est passĂ©e de 30,3 km/h Ă  33,9 km/h, soit une hausse de 12 %. En effet, « la vitesse rendue plus rĂ©guliĂšre entraĂźne une rĂ©duction de l’effet accordĂ©on et facilite l’insertion des vĂ©hicules sur le boulevard pĂ©riphĂ©rique. Les automobilistes bĂ©nĂ©ficient ainsi d’un gain de temps de parcours d’environ 15 % le matin et de 5 % le soir », indique la PrĂ©fecture de Police.

MĂȘme constat selon une Ă©tude[2] du cabinet de conseil en infos sur le trafic, Inrix, les bouchons ont diminuĂ© de 37 % en moyenne par rapport Ă  2013 sur le boulevard pĂ©riphĂ©rique ! Lorsque la limitation de vitesse Ă©tait de 80 km/h, les conducteurs passaient 104 minutes par jour dans les embouteillages (Ă  une vitesse infĂ©rieure Ă  40 km/h). En 2014, cette durĂ©e est passĂ©e Ă  66 minutes. Soit 38 minutes de moins.
Pour Chris Lambert, expert du trafic en Europe chez Inrix, ces rĂ©sultats peuvent s’expliquer par un trafic fluidifiĂ©, avec une vitesse plus rĂ©guliĂšre qui entraĂźne mĂ©caniquement une rĂ©duction de « l’effet accordĂ©on. ConsĂ©quence: la formation de points de congestion est moins frĂ©quente.« , rapporte l’Express.

Les accidents ont diminué

Selon la Mairie de Paris et la PrĂ©fecture de Police, « la nouvelle limitation Ă  70 km/h a permis une baisse significative des accidents et des blessĂ©s sur le pĂ©riphĂ©rique en 2014, Ă  rebours des Ă©volutions constatĂ©es dans le reste de l’Ile-de-France ». Ainsi, le nombre d’accidents a diminuĂ© de 15,5 % par rapport Ă  2013, s’Ă©tablissant ainsi Ă  son plus bas niveau depuis 10 ans. Cette tendance favorable se traduit aussi par une diminution du nombre de blessĂ©s (776 en 2014 contre 908 en 2013).

Le bruit a diminué

De jour, lorsque le trafic est dense, la baisse des phĂ©nomĂšnes d’accordĂ©on a permis de rĂ©duire considĂ©rablement les bruits de freinages et d’accĂ©lĂ©rations. De nuit, lorsque le trafic est fluide, la limitation Ă  70 km/h a permis de rĂ©duire les bruits de roulement des vĂ©hicules
Ainsi, « les baisses de niveaux sonores constatĂ©es (-1,2 dB(A) la nuit, et -0,5 dB(A) le jour) sont Ă©quivalentes Ă  ce qui pourrait ĂȘtre obtenu par une rĂ©duction de respectivement 25 % et 10 % du volume de trafic », prĂ©cise la Mairie de Paris.

Bruitparif, prĂ©cise que le bruit routier apparaĂźt comme « la cause majeure des nuisances sonores dans l’environnement extĂ©rieur. Un Francilien sur trois cite ainsi la circulation routiĂšre ou les bruits qui y sont associĂ©s (deux-roues motorisĂ©s bruyants, avertisseurs sonores), comme source principale des nuisances sonores ressenties Ă  son domicile ».
C’est pourquoi, Bruitparif recommande mĂȘme d’abaisser la vitesse sur le pĂ©riphĂ©rique parisien Ă  50 km/h pour obtenir des gains plus significatifs (3 dĂ©cibels).

La pollution de l’air a baissĂ©

Le Boulevard PĂ©riphĂ©rique contribue massivement Ă  la pollution atmosphĂ©rique de Paris puisqu’il est responsable de 35 % des Ă©missions des particules fines liĂ©es au trafic routier parisien, soit 20% des Ă©missions totales parisiennes. De plus, il reprĂ©sente 37 % des Ă©missions d’oxydes d’azote du trafic routier de la capitale, soit 25 % des Ă©missions totales parisiennes en NOx selon une Ă©tude d’Airparif de juillet 2013.

Or, il est reconnu que la baisse de la vitesse au-dessus de 70 km/h et la fluidification du trafic ont un impact positif « mécanique » sur les émissions de polluants.

La pollution de l’air reste trĂšs problĂ©matique sur la rĂ©gion Ile-de-France : en 2022, ses 12 millions d’habitants Ă©taient exposĂ©s Ă  un air dont les concentrations en particules fines, en ozone et en dioxyde d’azote dĂ©passent les seuils recommandĂ©s par l’OMS (rĂ©visĂ©s en 2021). Par consĂ©quent : l’ORS-Ile-de-France et Airparif ont estimĂ© Ă  7 900 le nombre de dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©s Ă©vitables chaque annĂ©e en Île-de-France si les concentrations de polluants passaient sous les niveaux recommandĂ©s par l’OMS (Airparif).

Diminuer de 70 km/h à 50 km/h : quels bénéfices ?

Le 22 novembre 2023, la Mairie de Paris annonçait l’abaissement Ă  50 km/h (au lieu de 70 km/h) la vitesse sur le boulevard pĂ©riphĂ©rique parisien pour septembre 2024. « La vitesse maximale autorisĂ©e sera de 50 km/h pour l’ensemble des usagers sur toutes les voies du pĂ©riphĂ©rique. Cet abaissement de la vitesse est recommandĂ© par le CEREMA pour des motifs de sĂ©curitĂ©. Cela permettra de limiter le bruit pour les 500 000 riverains du pĂ©riphĂ©rique et induira une baisse de la pollution atmosphĂ©rique », prĂ©cise la Mairie de Paris.

Si la vitesse est effectivement une des facteurs principaux d’accidents et de bruit, l’impact sur la pollution de l’air est bien plus compliquĂ© Ă  Ă©valuer.

Selon une Ă©tude de l’ADEME de 2014, « au-dessus de 70 km/h, les rĂ©ductions de vitesse ont un effet plutĂŽt positif sur les Ă©missions de particules et d’oxydes d’azote. En dessous de 70 km/h, cet effet est plutĂŽt nĂ©gatif. En pratique, la situation est plus complexe puisqu’il faut tenir compte notamment de l’effet de la limitation de vitesse sur la congestion. »
En effet, la vitesse optimale de moindre pollution pour les vĂ©hicules thermiques est d’environ 70 km/h.

L’association « 40 millions d’automobilistes » dĂ©nonce « un non-sens au service de l’idĂ©ologie » et considĂšre que cette mesure, sans « aucun fondement scientifique (…) n’a donc pour principal intĂ©rĂȘt que de servir une idĂ©ologie politique basĂ©e sur la stigmatisation et la vexation constante d’une catĂ©gorie d’usagers, sans pouvoir obtenir de vĂ©ritables rĂ©sultats en termes d’amĂ©lioration de la qualitĂ© de l’air. »
Pour justifier son mĂ©contentement, l’association s’appuie sur une Ă©tude du Cerema d’avril 2021 (Émissions routiĂšres des polluants atmosphĂ©riques, Courbes et facteurs d’influence) qui montre que les Ă©missions de CO2 et d’oxydes d’azote du trafic routier sont au plus bas pour des vitesses comprises entre 60 et 70 km/h et qu’elles sont les plus hautes en dessous de 40 km/h.

Toutefois, il s’agit lĂ  d’une Ă©tude thĂ©orique et dans la pratique de nombreux facteurs entrent en compte pour Ă©valuer l’impact d’une mesure de limitation de vitesse sur les Ă©missions polluantes du trafic routier, en voici quelques uns :

  • la circulation est rarement fluide sur le Boulevard PĂ©riphĂ©rique avec une vitesse moyenne proche de 35 km/h, 70 km/h reste donc peu observĂ© (Ă  part en fin de soirĂ©e et la nuit).
  • La congestion du trafic influe fortement sur la pollution de l’air lorsqu’il y a des phases de freinage et de redĂ©marrage des vĂ©hicules. Or, diminuer la diminution de la vitesse de circulation tend Ă  fluidifier le trafic.
  • Le parc automobile Ă©volue rapidement : les voitures hybrides passent automatiquement en mode Ă©lectrique lorsque la vitesse est infĂ©rieure Ă  60-70 km/h et ne polluent donc plus. De plus, une voiture Ă©lectrique consomme moins d’Ă©lectricitĂ© en roulant moins vite, ce qui au final pollue moins.

Des Ă©tudes seront certainement menĂ©es suite Ă  la mise en place de cette nouvelle mesure, nous ne manquerons pas d’en synthĂ©tiser les rĂ©sultats dans notre article.

Enfin, rappelons que de plus en plus de grandes villes (comme Londres rĂ©cemment), sont dotĂ©es de zone d’accĂšs limitĂ© comme le projet des Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air (ZAPA) qui a malheureusement Ă©tĂ© abandonnĂ©…

Notes

  1. coĂ»t de l’opĂ©ration : 22 500 € selon la Mairie de Paris.
  2. INRIX a compilé les données anonymes transmises par les millions de GPS en circulation sur le périphérique du 10 janvier 2013 au 10 juin 2013 et les a comparé aux données obtenues entre le 10 janvier 2014 et le 10 juin 2014.

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