🦑 Quelles sont les méduses qui prolifèrent sur les plages de France ?

Les mĂ©duses sont souvent Ă©vitĂ©es pour leur aspect « repoussant » et redoutĂ©es Ă  cause des piqĂ»res parfois douloureuses qu’elles peuvent engendrer. Lorsqu’elles sont prĂ©sentes en grand nombre sur les plages, elles peuvent mĂŞme gâcher les baignades en bord de mer. Or, elles prolifèrent de plus en plus Ă  cause de la surpĂŞche et nos activitĂ©s polluantes, « gĂ©lifiant » les ocĂ©ans. Voici les mĂ©duses les plus communes que l’on retrouve sur les plages de France mĂ©tropolitaine.

Les mĂ©duses sont prĂ©sentes sur Terre depuis plusieurs centaines de millions d’annĂ©es et cumulent les records : animal le plus venimeux au monde, plus grand invertĂ©brĂ© et premier animal connu capable d’immortalitĂ© !

Nos activités polluantes profitent aux méduses

Les mĂ©duses profitent de la pollution et de la rarĂ©faction des poissons Ă  cause de nos activitĂ©s pour se multiplier et occuper les niches Ă©cologiques laissĂ©es vacantes. Ainsi, les excès de la pĂŞche intensive, la difficile cohabitation entre l’Homme et les requins, la disparition des prĂ©dateurs de mĂ©duses, l’incroyable pollution plastique gĂ©nĂ©ralisĂ©e entraĂ®nent la « gĂ©lification » de l’ocĂ©an : les organismes gĂ©latineux, au premier rang desquels les mĂ©duses, y prolifèrent fortement, explique l’Institut OcĂ©anographique de Monaco.

En les dĂ©barrassant de leurs prĂ©dateurs (tortues, thons, poissons-lunes…) ainsi que de leurs rivales dans la course au zooplancton (sardines, harengs…), la surpĂŞche est sans doute le meilleur service rendu aux mĂ©duses.

En outre, les mĂ©duses sont par ailleurs peu sensibles Ă  l’eutrophisation des ocĂ©ans, due aux excès d’engrais dĂ©versĂ©s par les cours d’eau, qui leur apporte quantitĂ© de plancton mais Ă©touffe les autres animaux marins. Elles rĂ©sistent aussi très bien aux hormones que nous rejetons, qui perturbent la reproduction sexuĂ©e des poissons mais pas la reproduction asexuĂ©e que pratiquent aussi les mĂ©duses.

Le rĂ©chauffement climatique et les rejets localisĂ©s d’eau chaude par les centrales Ă©tendent les pĂ©riodes de dĂ©veloppement des mĂ©duses, tandis que l’augmentation des prĂ©cipitations fait baisser la salinitĂ© des ocĂ©ans. Cela peut expliquer que les mĂ©duses soient moins sensibles aux cycles climatiques qui les contrĂ´laient par le passĂ© et restent prĂ©sentes de manière quasi continue.

De plus, les dĂ©chets plastiques qui s’accumulent en mer profitent indirectement aux mĂ©duses, en servant aux polypes de support pour sillonner les ocĂ©ans ; les eaux de ballast des bateaux servent quant Ă  elles rĂ©gulièrement de
transport pour les méduses entre diverses zones maritimes.

Au final, la présence renforcée des méduses est un excellent témoin de la dégradation rapide des océans, tout comme la disparition massive des abeilles témoigne de la dégradation de la biodiversité.

« Les mĂ©duses sont très gloutonnes, pĂŞchant Ă  l’aveugle tout ce qui passe Ă  la portĂ©e de leurs tentacules recouverts de cellules urticantes. Mais lorsque la nourriture se fait rare, elles sont aussi capables de dĂ©croĂ®tre, rĂ©duisant fortement leur taille et allant jusqu’Ă  consommer les gonades (organes sexuels) qu’elles venaient de produire, redevenant ainsi juvĂ©niles » (Institut OcĂ©anographique de Monaco).

Quelles sont les mĂ©duses que l’on peut rencontrer sur les plages de France ?

Si les mĂ©duses s’invitent sur nos cĂ´tes, c’est parce qu’elles suivent leur nourriture : le plancton, qui se rapproche de nos cĂ´tes avec le rĂ©chauffement des eaux.

La méduse commune

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MĂ©duse commune morte sur la plage
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : Tous droits rĂ©servĂ©s

La mĂ©duse la plus rĂ©pandue sur les cĂ´tes françaises est la mĂ©duse commune ou mĂ©duse lune ou mĂ©duse AurĂ©lie (Aurelia aurita) qui Ă©volue souvent Ă  la surface de l’eau, portĂ©e par les courants en pleine mer ou près des cĂ´tes. Les eaux chaudes de l’Ă©tĂ© profitent au dĂ©veloppement des larves. Heureusement, ses filaments urticants sont en gĂ©nĂ©ral trop petits pour percer la peau humaine mĂŞme si les zones oĂą la peau est très fine (lèvres, paupières..) peuvent prĂ©senter une rĂ©action d’irritation.

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MĂ©duse commune Aurelia aurita
© Deedster / Pixabay – Licence : Pixabay

La méduse pélagique

La mĂ©duse pĂ©lagique (pelagia noctiluca) est la mĂ©duse mĂ©diterranĂ©enne type, qui abonde sur le littoral certains Ă©tĂ©s, notamment celui de Marseille Ă  l’Italie. Cependant, elle gagne les cĂ´tes atlantiques avec le rĂ©chauffement des eaux.

C’est une mĂ©duse urticante dont la piqĂ»re provoque pour les baigneurs une sensation de brĂ»lure, des dĂ©mangeaisons, des lĂ©sions cutanĂ©es relativement importantes, voire des allergies pouvant occasionner des chocs anaphylactiques. Si elle n’est pas particulièrement dangereuse, elle est redoutĂ©e et prolifère de plus en plus au point que certaines plages se sont Ă©quipĂ©es de filets de protection.

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Pelagia Noctiluca
CrĂ©dit : Hans Hillewaert / Wikimedia – Licence : CC BY

Mi-aoĂ»t 2019, de nombreux baigneurs ont Ă©tĂ© piquĂ©s sur les plages des Alpes-Maritimes. Le portail d’observation de mĂ©duses en MĂ©diterranĂ©e a relevĂ© la prĂ©sence de mĂ©duses sur les plages de Toulon, Nice ou Juan-Les Pins. A Antibes, les postes de secours ont Ă©tĂ© pris d’assaut par les victimes de piqĂ»res : plusieurs centaines en une journĂ©e, selon Nice-Matin, qui rapporte l’information mercredi 14 aoĂ»t.

La cyanée bleue ou méduse bleue

Cette mĂ©duse bleue (Cyanea lamarckii) de taille modeste est teintĂ©e d’un bleu profond. Elle possède des tentacules longs et fins pouvant mesurer plusieurs mètres et dont le contact provoque une sensation de brĂ»lure et une irritation comparables aux piqĂ»res d’orties.

Elle est prĂ©sente en Mer du Nord, dans l’Atlantique et dans la Manche et peut s’Ă©chouer par centaines sur les plages du nord de la France, comme ce fĂ»t le cas fin aoĂ»t 2019 sur les plages du Calvados.

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La cyanée bleue ou méduse bleue
© Jan Mallander / Pixabay – Licence : Pixabay

La méduse rayonnée ou méduse boussole

Plutôt commune de mars à juin, Chrysaora hysoscella présente 16 bandes géométriques sur son ombrelle qui rappellent une boussole.

La mĂ©duse rayonnĂ© peut atteindre 30 cm de diamètre voire davantage et est dotĂ©e de 24 tentacules transparents atteignant jusqu’Ă  2 m de longueur.

Cette mĂ©duse est urticante et provoque une sensation de brĂ»lure, des dĂ©mangeaisons et des stries sur la peau. La zone de contact peut mĂŞme prĂ©senter de petites cloques… A Ă©viter, mĂŞme morte !

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Méduse rayonnée (Chrysaora hysoscella), échouée en Charente-Maritime le 26 mai 2020. Vue de dessous
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC-SA

Le Rhizostome

Rhizostoma pulmo ou moumon de mer est une grande mĂ©duse qui mesure gĂ©nĂ©ralement de 30 Ă  60 cm de diamètre mais peut atteindre jusqu’Ă  1 mètre de diamètre. De couleur blanche, avec des reflets bleus Ă  rose, l’ombrelle est soulignĂ©e d’un liserĂ© bleu. On la trouve en MĂ©diterranĂ©e et dans les mers adjacentes.

Elle est Ă©galement un peu urticante.

Rhizostoma octopus est une variĂ©tĂ© prĂ©sente plutĂ´t dans l’ocĂ©an Atlantique. Non urticante, elle peut s’Ă©chouer sur les plages françaises de l’Atlantique, parfois en grand nombre, surtout aux environs de l’Ă©quinoxe d’automne.

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Méduse Rhizostoma octopus échouée sur la plage de Chatelaillon-Plage (17) fin mai 2023
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : Tous droits rĂ©servĂ©s

Une impressionnante méduse Rhizostoma octopus a été filmée dans la Manche en juillet 2019

La méduse oeuf au plat

Si méduse méditerranéenne Cotylorhiza tuberculata évite les rivages, elle peut quelques fois être aperçue sur les plages du sud de la France, de la Corse et la Sardaigne.

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Cotylorhiza tuberculata
© Fredski2013 / Wikimedia – Licence : CC BY-SA

Cette méduse étonnante est très peu urticante.

La redoutable physalie ou galère portugaise

Ce n’est pas Ă  proprement dit une mĂ©duse, mais cela y ressemble. La galère portugaise ou physalie ou Vessie de mer (Physalia physalis) est une espèce de siphonophores marins, appartenant au zooplancton. Cette colonie est composĂ©e d’un flotteur translucide gonflĂ© de gaz et de fins tentacules qui peuvent atteindre 9 mètres de long !

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Galère portugaise Physalie ou Vessie de mer (Physalia physalis) échouée près de Mimizan (Landes) en août 2023
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC-ND

Normalement habituées aux eaux tropicales, elles profitent des courants et des eaux de plus en plus chaudes des hautes latitudes pour se déplacer jusque sur les côtes européennes et au Canada.
Elles apparaissent souvent en groupe et ont été observées en 2019 sur le littoral du Finistère (Bretagne) et de Nouvelle-Écosse (Canada).

Derrière cet aspect étonnant et ces couleurs vives, se cache un redoutable prédateur dont les fils longs et fins contiennent des milliers de cellules urticantes, très douloureuses, voire mortelles dans certains (rares) cas.

Que faire en cas de piqûre de méduse ?


Relativisons ce risque qui n’est qu’un petit dĂ©sagrĂ©ment face aux redoutables cubomĂ©duses tropicales, dont quelques espèces mortelles sont responsables d’une cinquantaine de dĂ©cès par an, soit cinq fois plus que les requins.

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Brûlures mineures suite à un contact involontaire avec une méduse sur le littoral atlantique
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC-ND

La méduse la plus dangereuse du monde : la cuboméduse Chironex fleckeri

La cubomĂ©duse Chironex fleckeri est considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritable machine Ă  tuer. Son venin passe directement dans les vaisseaux sanguins et lymphatiques et paralyse les muscles respiratoires et cardiaques en moins de 5 minutes. Jeune, elle n’est dangereuse que pour les crevettes et les petits poissons dont elle se nourrit, mais au cours de sa croissance, la puissance de son venin augmente.

Une fois adulte, sa taille maximale avoisine seulement 30 cm mais elle traine une soixantaine de filaments de plusieurs mètres de long si fins (environ 6 mm) qu’ils sont presque invisibles dans l’eau. Chaque tentacule est garnie de millions de capsules venimeuses avec un petit crochet prĂŞt Ă  injecter son venin mortel.

Chironex fleckeri, qui vit dans les eaux du littoral nord-australien et du sud-est asiatique, est appelĂ©e « piqueur marin », « guĂŞpe de mer » ou encore « main de la mort » (en grec chiro = main et nex = mort). Fort heureusement toutes les espèces de cubomĂ©duses – largement rĂ©pandues dans les eaux tropicales des trois ocĂ©ans – ne sont pas aussi dangereuses que Chironex fleckeri.

Les méduses : des risques significatifs pour les installations industrielles

L’impact des mĂ©duses est toutefois bien loin de s’arrĂŞter au seul secteur des loisirs, et de nombreuses activitĂ©s maritimes sont aujourd’hui pĂ©nalisĂ©es par leurs armadas sillonnant les mers : fermetures de plages, ruine de pĂŞcheries, perte massive de poissons dans des fermes aquacoles, arrĂŞt de centrales nuclĂ©aires et sites industriels.

Dans ce dernier cas, les méduses peuvent boucher les canalisations des centrales électriques et de dessalage.

L’Homme prĂ©pare le règne des mĂ©duses

Notre irresponsabilitĂ© et incapacitĂ© Ă  prĂ©server l’Ă©quilibre des Ă©cosystèmes installe le règne des mĂ©duses sur les ocĂ©ans. Bien que d’apparence simple et fragile, la mĂ©duse est d’une robustesse remarquable, proche de l’immortalitĂ©, ce qui lui a permis de traverser les âges, du prĂ©cambrien jusqu’Ă  aujourd’hui.
Et si, par le passĂ©, cet organisme gĂ©latineux s’est effacĂ© pour laisser place Ă  des animaux bien plus Ă©voluĂ©s, il est aujourd’hui prĂŞt Ă  prendre sa revanche, largement soutenu par l’homme qui semble tout mettre en Ĺ“uvre pour lui offrir ce nouvel âge d’or.

Rappelons que les tortues marines restent les meilleurs prédateurs de méduses (avec le poisson lune), malheureusement, elles sont massacrées pour leur chair et par les activités de pêche.


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