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Pour la première fois depuis le début des mesures météorologiques modernes, l’anomalie de température planétaire annuelle a dépassé les + 1,5°C, la limite fixée par l’Accord de Paris. 2023 est donc devenue l’année la plus chaude jamais enregistrée mais aussi celle de l’alerte, confirmant toujours plus l’importance du réchauffement climatique en cours qui pourrait même s’emballer.
En 2023, environ 2,3 milliards de personnes sur Terre ont connu localement une chaleur record. Chaque mois, de juin à décembre a établi un record mondial pour le mois respectif. Juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré avec une anomalie impressionnante de +2,23°C par rapport à la normale 1980-2015 (données GIS / NASA).
Les températures moyennes annuelles de l’air ont été les plus chaudes jamais enregistrées, ou proches des plus chaudes, sur des parties importantes de tous les bassins océaniques et de tous les continents, à l’exception de l’Australie.
Les températures moyennes de surface de la mer sans précédent ont engendré des vagues de chaleur marine dans le monde entier, notamment dans certaines parties de la Méditerranée, du golfe du Mexique et des Caraïbes, de l’océan Indien et du Pacifique Nord, ainsi que dans une grande partie de l’Atlantique Nord.
« Le réchauffement exceptionnel que nous vivons n’est pas quelque chose que nous avons vu auparavant dans l’histoire humaine« , a déclaré Gavin Schmidt, directeur du Goddard Institute for Space Studies (GISS). « Il est principalement causé par nos émissions de combustibles fossiles, et nous constatons les impacts sous forme de vagues de chaleur, de précipitations intenses et d’inondations côtières.«
2023 : une année bien trop chaude
GISS / NASA : + 1,4 °C
D’après l’analyse annuelle de la NASA effectuée par des scientifiques du GISS, la température moyenne à la surface de la Terre en 2023 est la plus chaude jamais enregistrée depuis le début de la tenue de registres météorologiques modernes en 1880.
Poursuivant la tendance au réchauffement à long terme de la planète, les températures mondiales en 2023 étaient de + 1,2 °C par rapport à la normale de référence de la NASA (1951-1980).
Dans l’ensemble, la Terre était environ 1,4 degré Celsius plus chaude en 2023 que la moyenne de la fin du XIXe siècle, lorsque la tenue de registres modernes a commencé.
« Nous sommes confrontés à une crise climatique« , a déclaré l’administrateur de la NASA, Bill Nelson qui a ajouté : « Des températures extrêmes aux incendies de forêt en passant par la montée du niveau de la mer, nous pouvons voir que notre Terre change.«
Les 10 dernières années consécutives ont été les 10 plus chaudes jamais enregistrées et les 15 années les plus chaudes jamais mesurées sont toutes positionnées après 2004.
Année | 2023 | 2016 | 2020 | 2019 | 2017 | 2015 | 2022 | 2018 | 2021 | 2014 | 2010 | 2005 | 2013 | 2006 | 2007 |
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Anomalie de Température | 1.18 | 1.03 | 1.01 | 0.98 | 0.95 | 0.92 | 0.91 | 0.86 | 0.86 | 0.77 | 0.73 | 0.70 | 0.68 | 0.66 | 0.66 |
Berkeley Earth : + 1,54 °C
Ce bilan est partagé par l’organisation Berkeley Earth qui constate que 2023 a été l’année la plus chaude sur Terre depuis 1850. Avec une température globale moyenne estimée à 1,54 ± 0,06 °C plus chaude que la référence préindustrielle, 2023 est également la première année (dans l’ensemble de données de Berkeley Earth) à dépasser le seuil politique symbolique de réchauffement de + 1,5 °C.. Chaque mois en 2023 a été d’au moins 1,2 °C plus chaud que la moyenne mensuelle correspondante de 1850 à 1900. Les sept derniers mois de 2023 ont tous établi de nouveaux records mensuels. Juillet a également été le mois avec la température moyenne absolue la plus élevée jamais mesurée, avec 17,2 °C, tandis que septembre a fourni l’anomalie de température mensuelle la plus importante jamais enregistrée, à une valeur incroyable de + 1,82 ± 0,09 °C au-dessus de la moyenne de 1850 à 1900.
Berkeley Earth est une organisation à but non lucratif basée à Berkeley (Californie, USA), qui travaille sur l’analyse et le partage libre des données de température terrestre pour la science du climat. Elle a été fondée en 2010 par Richard A. Muller et Elizabeth Muller, deux scientifiques de l’Université de Californie à Berkeley. L’organisation utilise une méthodologie rigoureuse pour compiler et analyser les données de température de plus de 150 000 stations météorologiques du monde entier.
Berkeley Earth note que l’année 2023 a été très inhabituelle en raison d’une chaleur record dans la plupart des bassins océaniques et d’un écart important par rapport à la tendance historique. La chaleur en 2023 a largement dépassé les attentes et a été beaucoup plus forte que la normale si tôt dans un épisode El Niño.
Copernicus : + 1,48 °C
Selon le Service Copernicus sur le changement climatique (C3S), mis en œuvre par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) pour le compte de la Commission européenne financé par l’Union Européenne, les températures mondiales sans précédent à partir de juin ont fait de 2023 l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant largement 2016, la précédente année la plus chaude.
Ainsi, Copernicus confirme l’année 2023 comme la plus chaude dans les relevés de températures mondiales depuis 1850 avec une température moyenne mondiale de 14,98°C, soit 0,60°C plus chaud que la moyenne 1991-2020 et de 1,48°C plus chaud que le niveau préindustriel de 1850-1900.
Pour la première fois, chaque jour de l’année 2023 a dépassé de plus de 1°C les températures moyennes du niveau préindustriel de 1850-1900. Et près de la moitié des journées ont même dépassé + 1,5 °C avec 2 jours en novembre qui ont atteint + 2°C.
2023 a été une année exceptionnelle où les records climatiques sont tombés comme des dominos. Non seulement 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée, mais c’est aussi la première année où toutes les journées de plus de 1°C sont plus chaudes que la période préindustrielle. Les températures enregistrées en 2023 dépassent probablement celles de n’importe quelle période depuis au moins 100 000 ans.
Samantha Burgess, directrice adjointe du service Copernicus sur le changement climatique
Alerte ! Les limites de l’Accord de Paris sont atteintes
Rappelons que dans le cadre de l’Accord de Paris de 2016, de nombreux pays se sont fixés comme objectif de contenir le réchauffement mondial à long terme à 1,5 °C maximum. Cet objectif étant basé sur l’état du climat moyen sur au moins 20 ans, il n’est donc pas encore dépassé puisque 2023 est, pour l’instant, la seule année dépassant 1,5 °C de réchauffement.
Cependant, c’est la première fois qu’une année dépasse + 1,5 °C (d’après les analyses de Berkeley Earth). C’est donc un avertissement clair de la proximité du système climatique global par rapport à cet objectif de l’Accord de Paris. Alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’atteindre des niveaux records, il est probable que la moyenne mondiale des températures dépasse régulièrement + 1,5 °C au cours de la prochaine décennie.
Les extrêmes que nous avons observés ces derniers mois témoignent de façon dramatique de la distance qui nous sépare du climat dans lequel notre civilisation s’est développée. Cela a de profondes conséquences pour l’Accord de Paris et toutes les entreprises humaines. Si nous voulons gérer avec succès notre portefeuille de risques climatiques, nous devons de toute urgence décarboniser notre économie tout en utilisant les données et les connaissances climatiques pour préparer l’avenir.
Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus sur le changement climatique
2023, 2e année la plus chaude en France
Selon le bilan climatique de Météo-France, l’année 2023 se classe au deuxième rang des années les plus chaudes en France après 2022 avec une température moyenne de 14,4 °C. L’anomalie thermique sur l’ensemble de l’année atteint + 1,4 °C par rapport aux normales 1991-2020.
Soulignons que les 10 années les plus chaudes en France se situent toutes après 2002 dont 9 après 2010…
2023 est également la deuxième année la plus chaude pour l’Europe, avec + 1,02°C de plus que la moyenne 1991-2020, soit 0,17°C de moins que 2020, l’année la plus chaude jamais enregistrée pour l’Europe.
Le rôle des facteurs naturels dans le réchauffement de l’année 2023
Si la majeure partie du réchauffement à long terme de notre planète est causée par l’activité humaine, des phénomènes naturels contribuent aux changements climatiques annuels ou pluriannuels tels que El Niño, les aérosols émis par les plantes et les éruptions volcaniques.
L’oscillation climatique océanique El Niño / La Niña joue un rôle significatif dans les températures mondiales en ajoutant ou soustrayant 0,1 °C à la moyenne des températures mondiales. De 2020 à 2022, l’océan Pacifique a connu trois événements La Niña consécutifs, qui ont tendance à refroidir le climat. En mai 2023, l’océan est passé de La Niña à El Niño, ce qui engendre souvent les années les plus chaudes jamais enregistrées. L’oscillation El Niño pourrait durer jusqu’au printemps 2024.
Cependant, les températures record de la deuxième moitié de 2023 se sont produites avant le pic de l’actuel événement El Niño.
Les scientifiques s’intéressent également examiné les impacts possibles de l’éruption majeure de janvier 2022 du volcan sous-marin Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, qui a projeté de la vapeur d’eau et des particules fines, ou aérosols, dans la stratosphère, ce qui a légèrement refroidi notre planète.
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