Irradiation des aliments


Irradiation des aliments : définition

L’irradiation des aliments, officiellement appelée « ionisation » consiste à soumettre un aliment à un rayonnement ionisant : rayons gamma (issus de substances radioactives, le Cobalt 60 ou le Césium 137), rayons x ou faisceaux d’électrons à très haute énergie.

Ce procédé, inventé au milieu des années 1940 par des scientifiques français, pour les besoins des échanges internationaux, permet de décontaminer les denrées, supprimer certains micro-organismes et insectes, ralentir le mûrissement, inhiber la germination et mieux conserver les aliments. Elle permet ainsi le transport sur de longues distances et le stockage de longue durée.

Avantages de l’irradiation des aliments

L’irradiation des aliments ne rend pas l’aliment radioactif . Elle ne doit pas être confondue avec la contamination radioactive (incorporation par la plante ou l’animal d’éléments ou composés radioactifs polluants qui se retrouvent dans les aliments).

Souvent présentée comme moins nocive que d’autres modes de conservation industriels, cette technologie permet surtout de contourner – au moins en partie – l’usage de produits chimiques (pesticides, conservateurs) ; elle est plus souple d’utilisation que la surgélation (contraignante par le maintien de la chaîne du froid) et peut être appliquée à quasiment tous types de produits, y compris les produits frais, à l’inverse des traitements par la chaleur.

Les partisans de l’irradiation des aliments la présente comme une solution miracle contre les maladies d’origine alimentaire (salmonellose, infections à E. coli 0157 :H7). Malheureusement, de nombreuses études scientifiques montrent également les limites et les risques de l’irradiation sur la santé.

L’irradiation des aliments : les risques

Des associations de défense des consommateurs et de l’environnement soulignent l’appauvrissement de la valeur nutritive et des vitamines contenus dans les aliments. « Bien que l’irridiation soit suffisante pour tuer des organismes supérieurs, elle n’inactive pas les toxines / mycotoxines libérées par les bactéries et les champignons. En revanche, elles peuvent détruire des vitamines et entraîner la formation de substances néoformées ou de radicaux libres préjudiciables à la salubrité des aliments ou à leurs propriétés organoleptiques. » précise le CNRS.

Certaines bactéries sont très utiles puisqu’elles agissent sur l’apparence des aliments (pourrissement, odeur) et permettent ainsi aux consommateurs de repérer les aliments douteux. Les aliments irradiés paraissent sains, mais ne le sont pas toujours… C’est pourquoi, l’irradiation peut être utilisée pour masquer au consommateur des produits trop vieux et qui ne devraient plus être consommés et peut donc se substituer à de bonnes pratiques sanitaires ou pour « recycler » des produits atteignant leur date de péremption.

Les aliments ionisés pourraient contenir de nouveaux éléments soupçonnés d’être cancérigènes et mutagènes. A ce titre, des animaux de laboratoire nourris d’aliments irradiés sur de longues périodes souffrent de nombreuses maladies génétiques, de problèmes de reproduction, de déformations et de mortalité précoce, selon une étude[1] menée par des scientifiques allemands et français. En effet, une substance particulière créée par l’irradiation dans les aliments, l’alkylcyclobutanone, pourrait être facteur de cancer.

Les risques sur l’environnement

Sur le plan environnemental, on peut citer les risques liés au fonctionnement des installations (nucléaires) et au transport de matières nucléaires.

De plus, cette technique favorise des modes de production et de distribution industriels délocalisés où le transport, source de pollution, n’est plus un problème pour la conservation des aliments.
Cela n’est pas sans conséquences, car l’irradiation, en allongeant la durée de conservation des aliments, risque d’accentuer la délocalisation des productions agricoles où les normes environnementales et sociales peuvent être déplorables pour des cultures qui peuvent être produites localement.

Cadre normatif et législatif de l’irradiation des aliments

Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a approuvé plusieurs aliments pour l’irradiation : bœuf, porc, volaille, œufs avec leur coquille, crustacés tels que le homard, les crevettes et le crabe, fruits et légumes frais, la laitue et les épinards, et les épices.

Documents de référence

En 2003, la Commission du Codex Alimentarius, créée en 1963 par la FAO et l’Organisation mondiale de la Santé pour élaborer des normes alimentaires internationales harmonisées, a publié deux documents de référence : la Norme générale Codex pour les aliments irradiés et le Code d’usages international recommandé pour le traitement des aliments par irradiation.

En collaboration avec la FAO et le secrétariat de la CIPV, l’AIEA a élaboré deux autres documents : les Directives pour l’utilisation de l’irradiation comme mesure phytosanitaire et le document Traitements phytosanitaires contre les organismes nuisibles réglementés, qui propose de nombreux traitements par irradiation.

Législation européenne

La législation européenne sur les aliments irradiés est principalement définie dans le règlement (CE) no 1999/3 du Parlement européen et du Conseil du 22 février 1999 relatif aux denrées alimentaires traitées par ionisation. Ce règlement a été consolidé en 2008.

Dans l’UE, l’irradiation alimentaire n’est autorisée que pour certaines catégories de denrées alimentaires comme les herbes et épices séchées, certaines céréales, certains fruits secs et certaines viandes.

Dans l’UE, les aliments qui ont subi une irradiation doivent obligatoirement présenter la mention « Traité par ionisation » ou « Traité par rayonnement ionisant » ou le symbole « radura » sur leur étiquetage, ce qui n’est pas le cas d’autres pays qui exportent leurs produits ionisés dans la plus grande opacité pour le consommateur.

Le règlement européen fixe des normes de dose maximale spécifiques pour chaque type de denrée alimentaire irradiée, afin d’assurer que le traitement est sûr pour la consommation humaine.

24 installations d’irradiation ont été approuvées dans 14 pays de l’UE. Les principaux produits irradiés sont les cuisses de grenouille, la volaille et les herbes aromatiques séchées, les épices et les assaisonnements végétaux.

En 2018 et 2019, plus de 80 % des aliments irradiés dans l’UE ont été traités dans une seule installation en Belgique.

L’irradiation des aliments décline en Europe

Au niveau européen, environ 40 000 tonnes d’aliments ont été irradiés en 2003, deux fois plus qu’en 2002. Cependant, cet élan s’est rapidement transformé en échec : 9 200 tonnes en 2010 et moins de 4 000 tonnes en 2019. La principale raison de cette diminution s’expliquerait par la réticence des consommateurs à acheter des aliments étiquetés comme irradiés.

Et en France ?

Cependant, des dérogations ont été mises en place comme en France où un certain nombre de produits alimentaires peuvent être irradiés : épices, aromates, herbes aromatiques séchées ou surgelées, oignons, ail, échalotes, fraises, farine de riz, légumes déshydratés, fruits secs (abricots, figues, raisins, dattes) légumes et fruits secs, corn flakes et muesli, camembert au lait cru, viande de volaille, cuisses de grenouilles congelées, crevettes congelées, blanc d’oeuf liquide déshydraté ou congelé…

Pour ces opérations, plusieurs centrales d’irradiation des aliments existent en France : à Sablé sur Sarthe (près du Mans), à Pouzauges (près de Nantes), Dagneux (près de Lyon), à Marseille, à Orsay (région parisienne), à Chaumesnil (près de Troyes), à Berric (Morbihan)… La plupart sont exploitées par la société IONISOS.

Les traitements ionisants sont interdits en agriculture biologique.

Notes

  1. Delincée, H. and Pool-Zobel, B. « Genotoxic properties of 2-dodecyclobutanone, a compound formed on irradiation of food containing fat » Radiation Physics and Chemistry, 52:39-42, 1998

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Questions / réactions (8)


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ROIZOT MikaelIl y a 3 ans
il doit bien y avoir un moyen : en nousreunissant TOUS , via p etre certain GROUPE de Consom
pour forcer la situation vers du POSITIf CREATIF aupres des >> pouvoirs Pubics
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MaryseIl y a 6 ans
Viviane, je me suis fait la même réflexion à propos de raisin bio que j’ai laissé à l’extérieur et qui n’a pas bougé. Je vais poser la question au magasin bio car je trouve ça suspect!
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VivianeIl y a 7 ans
J’ai remarqué que mes tomates et mon raisin bio restaient étrangement frais après avoir passé 3 semaines dans mon frigidaire!

Alors, le bio est-il vraiment interdit d’irradiation?
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Brigitte MarchalIl y a 7 ans

c’est à nous citoyen-nes de choisir, nos choix de consommation sont comme des élections permanentes. Je mange moins de tout, plus de viande ni de poisson, le plus local possible, le plus saisonnier, le moins emballé. Vu que je ne paie pas les protéines animales,je peux manger bio, ce n’est pas plus cher et j’ai la joie de faire un pied de nez quotidien à nos politiciens que ne dirigent que leur carrière et leur compte en banque.

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PhilIl y a 7 ans
En fait c est la quantité de rayon ionisant qui est déterminante. l’alkylcyclobutanone et les autres radicaux libres contenu dans ces aliments apres traitement a ces rayons ne peuvent pas être facilement ou voir pas du tout mesurable. Comment faire confiance à cette industrie qui doit répondre à des besoins de masse et qui ne dispose pas de moyens de contrôle suffisant? Le sélection des individus qui peuvent s offrir des produits de qualité et se préserve de ces aliments ne peut se faire que difficilement. Indications sur la quantité de rayons devraient être obligatoire sur chaque aliment!!!
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