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Black-Friday
© Geralt / Pixabay – Licence : Pixabay

Le Black Friday est devenu le reflet de notre société de consommation. L’événement a été officialisé en France en 2013. Mondialisation oblige, le Black Friday, importé des Etats-Unis, tend à se généraliser dans de nombreux pays. Il survient chaque année à la fin du mois de novembre, le lendemain de la fête de Thanksgiving. Accusé de polluer la planète, de provoquer des hystéries collectives dans les magasins et de faire exploser les ventes sur internet, le Black Friday a mauvaise presse.

Origine du Black Friday

Les rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux ont la dent dure et le Black Friday n’y échappe pas. Nombreux sont les titres racoleurs faits entre cet événement et la traite négrière. Le Black Friday correspondrait, ni plus ni moins, au jour de vente des esclaves ! Surfer sur la naïveté des lecteurs est devenu banal, en particulier sur internet. Mais quelques clics suffisent à retrouver la véritable origine du Black Friday…

Selon l’encyclopédie Britannica, le « Black Friday » correspond à une seule et unique date : le 24 Septembre 1869. A la fin du mois de septembre 1869, aux Etats-Unis, les hommes d’affaire Jay Gould et James Fisk s’arrangaient pour faire monter les prix de l’or sur les marchés américains. Un dangereux effondrement du marché de l’or à la Bourse de New York s’en suit, avant que n’intervienne le gouvernement de Ulysses S. Grant, dix-huitième président américain. Cette crise a atteint son apogée le 24 septembre 1869, soit un vendredi. La date devient par la suite le « Black Friday », c’est-à-dire le jour où les marchés américains ont failli s’effondrer !

Depuis le Black Friday a fait son chemin comme une nouvelle occasion de doper la surconsommation d’une société qui croule sous le superflu.

Le Black Friday a été importé en France des Etats-Unis en 2013 et entraîne un matracage publicataire incroyable par tous les médias possibles.

Black Friday : le coup d’envoi des achats de Noël

Le terme Black Friday revient dans les années 1960, dans le nord-est des Etats-Unis. Les autorités utilisent ce terme pour désigner la ruée des américains le lendemain de Thanksgiving dans les boutiques bondées, provoquant des embouteillages monstres sur les routes. Le Black Friday sonne ainsi le coup d’envoi des achats de noël ! C’est le « Black Friday » tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Le Black Friday se situe dans ce qu’on appelle en anglais le « golden quarter » (le trimestre doré). Ce terme désigne le quatrième trimestre de l’année, le plus lucratif pour le commerce avec ses nombreux temps forts dans le calendrier marketing comme Halloween, le Singles Day, le Black Friday, le Cyber Monday, Noël et le Nouvel An.

Bombardements d’emails, SMS, publicités massives sur internet, réseaux sociaux et dans les boîtes aux lettres, affiches sur les vitrines de magasins, impossible de ne pas être au courant du Black Friday ! D’ailleurs, il est intéressant de noter, que de nos jours, le « vendredi noir » est devenu le « week-end noir », puisque les promotions en tout genre s’étalent sur plusieurs jours « Black Friday Week », voire sur un mois avec le « Black November » !

Black Friday : des chiffres qui donnent le vertige

En 2018, en France, l’opération Black Friday avait entraîné plus de 50 millions de transactions par carte bancaire selon les chiffres de RTL, en ligne ou dans les magasins. C’était tout simplement un record sur une journée dans le pays. A titre de comparaison, il n’y avait eu « que » 42,7 millions de transactions bancaires pour le Black Friday 2017.

En 2017, le Black Friday a rapporté 58 milliards de dollars aux Etats soit l’équivalent du PIB du Liban.

Toujours en 2017, au Royaume-Uni, 82 000 camions diesel ont été réquisitionnés dans le seul but d’assurer les livraisons liées directement au pic d’achats du Black Friday.

2021 : le Black Friday s’épuise en France

Depuis la crise du COVID-19, le Black Friday n’est plus à la hauteur des espérances, du moins en France. L’édition 2021 du Black Friday enregistrait une baisse de 32 % des transactions en ligne par rapport à l’édition 2020 qui avait connu une croissance de 32%, rapporte Criteo. Pour rappel, la hausse de l’édition 2020 était due notamment aux restrictions sanitaires et aux fermetures des commerces dits « non essentiels ».

Une baisse significative confirmée par la société d’analyse de données GFK :
« malgré des communications très actives dès le début du mois de Novembre, l’opération 2021 (sem.47) a moins séduit cette année : le chiffre d’affaires Black Friday 2021 atteint 784,2 Mi€ selon les données GfK Market Intelligence, contre plus de 930 Mi€ l’année dernière, en recul de -16,9%. Si la tendance s’améliore légèrement en comparant à l’opération 2019, le CA généré en 2021 reste en deçà de -1,6%. Tous les univers sont en recul par rapport au Black Friday 2020 : -8% pour les dépenses Informatique-Bureautique, -13% en Telecoms, -15% en Gros Electroménager et jusqu’à -23% en Electronique Grand Public / Photo et -26% en Petit Electroménager.

L’année 2022 confirme cet essouflement et l’effet dopant du Black Friday « semble avoir atteint un palier » selon les chiffres 2023 de GfK.
Ainsi, « l’édition 2022 du Black Friday a généré 802 millions d’euros de chiffre d’affaires en semaine 47, en repli de -1,9% par rapport à l’opération 2021. Compte tenu du contexte économique tendu, entre le niveau d’inflation inédit, la pression des coûts Energie / Alimentaire sur le budget des ménages et les historiques importants après 2 ans de ventes record, ces résultats restent satisfaisants pour les acteurs du marché », précise GfK.

Les achats les plus populaires du Black Friday

Les achats de matériels électroniques sont les plus plebisicités : les plus fortes dépenses sont enregistrées dans les catégories ordinateurs portables (107 M€), téléviseurs (100 M€), smartphones (97 M€), aspirateurs (44 M€) et casques audio (31 M€). De leur côté, les univers audio/video et petit-Electroménager sont bien représentés parmi les produits en plus forte croissance CA.

Notons également l’intérêt pour l’industrie textile. Loin de se contenter des deux périodes de soldes annuelles en plus des promotions ponctuelles, les prix massacrés pratiqués lors du Black Friday sur les vêtements ne laissent pas de chances aux retardataires.

Quand le Black Friday mène à la folie

Black Friday : quelles conséquences pour l’environnement ?

Il ne fait plus aucun doute que ces achats produisent sur le moyen terme une quantité astronomique de composés polluants qui finissent dans les décharges à ciel ouvert des pays du tiers monde. Quant au recyclage, la tentative de tri et collecte des déchets fait pâle figure face à ces montagnes de polluants en tout genre. Les technologies en matière de recyclage ne suffisent pas à surmonter la cadence de production des déchets.

Cependant, l’impact négatif du Black Friday sur la planète reste à nuancer. En effet, le Black Friday n’est qu’un accélération de notre consommation tout au long de l’année. Autrement dit, les achats qui auraient pu être faits avant ou après sont concentrés sur cette période pour profiter de prix plus attractifs.

Robin Perkins, membre de l’ONG Greenpeace, fait remarquer que la surconsommation de biens matériels étouffe la planète, mais aussi nos propres vies. Qui ne s’est jamais plaint lors d’un déménagement de ne plus savoir que faire de tous les objets encombrants avec lesquels on vit au quotidien ? Pour s’en débarrasser : la poubelle très souvent, la revente parfois ou le don pour les plus généreux.

Black Friday : véritable bonne affaire ou simple illusion ?

L’hyperconsommation anarchique de biens matériels est souvent le reflet d’un malaise de la société. Les industriels l’ont bien compris et développent des subterfuges toujours plus ingénieux pour créer le besoin chez les gens. Prônant un déstockage massif des entrepôts, dans la réalité, les bonnes affaires sont souvent trompeuses, comme le sous-entend l’association UFC-Que choisir. Ces dernières années les flagrants délits de fausses promotions ont été rapporté sur les réseaux sociaux, notamment dans le secteur du prêt-à-porter. En 2018, Brune Poirson, secrétaire d’État du ministre de la Transition écologique et solidaire, a qualifié sur les réseaux sociaux de « double arnaque, pour la planète et pour votre porte-monnaie » en désignant les promotions monstres du Black Friday.

L’obsolescence programmée de nos appareils est un vrai problème. Ces appareils sont programmés pour avoir des durées de vie limitées et ne disposent presque pas sur le marché de pièces de rechange. Ces « généreuses » ristournes donnent l’illusion aux consommateurs que les enseignes de la grande distribution ne se font qu’une petite marge sur ces promotions, alors que l’ordre de grandeur des économies réelles pour le portefeuille du client n’excéderait pas les 2 %…

Black Friday : la contre-attaque s’organise

Pour tenter de contrer ce phénomène, de plus en plus d’associations et ONG appellent au boycott des géants du net comme Amazon, Cdiscount, eBay, lors du Black Friday. Une bouteille à la mer certes, mais dont l’initiative mérite d’être saluée. Les opposants au Black Friday font offices de résistants dans un combat qui semble perdu d’avance.

Le problème reste entier : en théorie, tout le monde ou presque adhère au bien-fondé de ces actions ; en pratique, très peu les suivent. Un système artificiel dans lequel nous évoluons : c’est la société qui nous dicte quand acheter et non l’inverse !
En outre, l’inflation signficiative qui frappe la France pousse les consommateurs à se ruer sur les bons plans et les soldes.

Pour dénoncer le Black Friday, « plusieurs centaines d’activistes se mobiliseront partout en France ces 24 et 25 novembre pour mettre hors d’état de nuire Amazon, multinationale prédatrice qui détruit la planète, les territoires et les solidarités. Ils mettront ainsi, aux quatre coins du territoire, des centaines de lockers Amazon symboliquement « hors service ». Évasion fiscale massive, destruction d’emplois, dégradation des conditions de travail, activités climaticides… les raisons de stopper Amazon et son monde ne manquent pas ! »
Ces actions s’inscrivent dans une mobilisation internationale avec des actions dans plus de 30 pays dans le cadre de la campagne « Make Amazon Pay ».

Green Friday vs Black Friday

Après le Green Washing, la Green Food, le Green Travel et autres déclinaisons de « Green », le Green Friday vient concurrencer le Black Friday : comprenez fabriquer plutôt qu’acheter ! Le mouvement du Green Friday cherche à sensibiliser le grand public sur un mode de consommation éthique, durable et surtout responsable, tout le contraire du Black Friday qui mise sur des soldes éclaires et l’achat compulsif des petits et moyens revenus.

En signe de protestation, plusieurs petits commerçants avaient fermé le vendredi 23 novembre 2018. Marie NGUYEN, co-fondatrice de WeDressFrair, justifiait sur Linkedin la fermeture de son site internet le jour du Black Friday par ces mots : « Nous défendons la consommation raisonnée plutôt que l’achat compulsif, l’emploi rationnel des ressources naturelles plutôt que la surproduction, la réparation et le recyclage plutôt que le ré-achat systématique. »

Bientôt l’interdiction du Black Friday en France ?

Le Black Friday est devenu tellement écoeurant qu’il aurait pu être interdit en France. C’était le sens de l’amendement présenté le 20 novembre 2019 par Delphine Batho, député Génération Ecologie, et adopté le 25 novembre 2019 en Commission à l’Assemblée nationale : « Outre son bilan environnemental désastreux, cette opération repose sur une communication trompeuse en direction des consommateurs, laissant supposer qu’ils bénéficient de réductions de prix considérables, alors qu’une étude de comparaison de prix réalisée par l’UFC-Que Choisir prouve que la moyenne des réductions effectivement pratiquées est inférieure à 2 %.
Le présent amendement vise donc à mettre fin à cette pratique commerciale qui contribue au gaspillage des ressources, glorifie la surconsommation et constitue au final une arnaque par une publicité trompeuse. »

Le Black Friday pourrait donc être considéré comme une « pratique commerciale agressive » et par conséquent, une « pratique commerciale déloyale » qui est interdite par la loi (article L121-1 du code de la consommation).

Toutefois, 4 ans plus tard, cette proposition n’a toujours pas été retenue et l’on comprend bien pourquoi…

Tout notre système de consommation est à revoir

Mauvaise foi mis à part, il est bien évident que c’est tout notre système de consommation qui est à revoir, et pas seulement le jour du Black Friday. Nous assistons à une réelle braderie des ressources de la planète. Le devenir de la Terre, telle que nous la connaissons, prendra le chemin de nos actions. L’équilibre de nos écosystèmes est en train de se rompre sous nos yeux et, au-delà du pillage de nos sols et de nos océans par des entreprises peu scrupuleuses, c’est principalement l’indifférence générale et le manque de réactivité des simples consom’acteurs que nous sommes qui scellera le futur proche de nos sociétés du gâchis et de la futilité.


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