mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre

Ces dernières années, les records de chaleur ne cessent d’être battus et le mois de juillet 2023 vient de battre un impressionnant record : celui du mois le plus chaud jamais enregistré.

Alors que juin 2023 est déjà le mois de juin le plus chaud jamais enregistré sur Terre avec une anomalie impressionnante de +2,23°C par rapport à la normale 1980-2015 (données GIS / NASA), c’est le mois de juillet 2023 qui vient de battre tous les records.

Au niveau mondial et en moyenne, juillet 2023 a été plus chaud de + 0,24 degré Celsius que n’importe quel autre mois de juillet dans l’histoire des enregistrements de la NASA. Juillet 2023 a été plus chaud de + 1,18 °C que la moyenne des mois de juillet entre 1951 et 1980 et + 2,6 °C par rapport à la normale 1980-2015.
Sur l’année, la température moyenne mondiale de juillet 2023 est confirmée comme étant la plus élevée jamais enregistrée quelque soit le mois.

Ce n’est pas la première fois qu’un mois dépasse de + 1,5 °C la moyenne préindustrielle : cela s’était déjà produit en 2016 et en 2020, mais il s’agit de la première fois que cela intervient pendant l’été de l’hémisphère nord, lorsque la planète est la plus chaude. Par ailleurs, ce mois de juillet record intervient après un mois de juin 2023 lui-même sans précédent historique.

Pour mieux discerner les tendances structurelles dans l’évolution des températures, les centres de recherche sur le climat se basent principalement sur les changements de température à long terme sur de nombreuses décennies et siècles. Une base fixe permet de distinguer des anomalies cohérentes dans le temps. Ainsi, les « normales » de température sont définies sur plusieurs décennies ou plus – généralement 30 ans.

« Ce mois de juillet n’a pas été simplement plus chaud que n’importe quel juillet précédent – c’était le mois le plus chaud de notre enregistrement, qui remonte à 1880 », a déclaré Gavin Schmidt, directeur du GISS. « La science est claire : cela n’est pas normal. Le réchauffement alarmant à travers le monde est principalement causé par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Et cette augmentation des températures moyennes alimente des vagues de chaleur extrêmes dangereuses que les gens vivent ici et dans le monde entier. »

Ces données ont été confirmées par le Copernicus Climate Change Service (C3S), mis en œuvre par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme au nom de la Commission européenne.
Selon Copernicus, le mois de juillet 2023 a été 0,72°C plus chaud que la moyenne 1991-2020 pour juillet, et 0,33°C plus chaud que le mois le plus chaud précédent, juillet 2019. Il est également estimé que ce mois a été environ 1,5°C plus chaud que la moyenne de 1850-1900.

Selon Samantha Burgess, directrice adjointe du Service Copernicus pour le changement climatique (C3S) : « Nous venons de voir les températures de l’air et de la surface des océans établir de nouveaux records en juillet. Ces records ont des conséquences désastreuses à la fois pour les populations et pour la planète exposée à des événements extrêmes de plus en plus fréquents et intenses. L’année 2023 est actuellement la troisième année la plus chaude à ce jour, avec 0,43 °C de plus que la moyenne récente, et la température moyenne mondiale en juillet a dépassé de 1,5 °C les niveaux préindustriels. Même si cette situation n’est que temporaire, elle montre qu’il est urgent de déployer des efforts ambitieux pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui sont le principal facteur à l’origine de ces records. »

Tous les résultats rapportés sont basés sur des analyses informatiques utilisant des milliards de mesures provenant de satellites, de navires, d’avions et de stations météorologiques du monde entier.

Le fait que juillet 2023 soit le mois le plus chaud en termes de températures moyennes mondiales absolues signifie que nous venons de vivre le mois le plus chaud de tous les mois au cours des dernières centaines voire milliers d’années. « Nous pourrions remonter jusqu’à la période chaude de l’Éémien (~120 000 ans auparavant) pour trouver des conditions aussi chaudes. Mais étant donné que les relevés de température paléoclimatiques (appelés proxies climatiques) n’offrent pas une résolution temporelle suffisamment élevée, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que juillet n’a pas été plus chaud pendant le pic de l’interglaciaire actuel », explique Karsten Haustein, climatologue à l’université de Leipzig (Allemagne).

Disparités géographiques du réchauffement climatique de 2023

Une telle augmentation des températures est à l’origine de vagues de chaleur marines et continentales sans précédent. La Chine, le sud de l’Europe et l’Amérique du Nord ont toutes enregistré des températures record ou presque record ces dernières semaines. Il en va de même pour l’océan Atlantique Nord. De plus, des températures nettement supérieures à la moyenne ont été relevées dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et dans une grande partie de l’Antarctique (pôle Sud) où la fonte de la banquise continue à battre des records pour la période de l’année, avec une valeur mensuelle de 15 % inférieure à la moyenne, de loin l’étendue la plus faible en juillet depuis le début des observations par satellite.

En Arctique (pôle Nord), l’étendue de la glace de mer était légèrement inférieure à la moyenne, mais bien supérieure au minimum record de juillet 2020.

Pour l’ensemble du mois de juillet 2023, les températures moyennes mondiales à la surface de la mer ont été supérieures de 0,51°C à la moyenne 1991-2020. L’Atlantique Nord a connu une température supérieure de 1,05°C à la moyenne en juillet, les températures dans la partie nord-est du bassin étant restées supérieures à la moyenne et des températures anormalement élevées ayant été enregistrées dans l’Atlantique Nord-Ouest. Des vagues de chaleur marine se sont produites au sud du Groenland et dans la mer du Labrador, dans le bassin des Caraïbes et dans la mer Méditerranée (jusqu’à +5 °C plus chaude !), note le service Copernicus.

Paradoxalement, l’Europe du Nord et une partie de l’Europe occidentale connaissent un mois de juillet et août moins chaud que la moyenne mondiale et cela ne contredit absolument pas le réchauffement planétaire qui n’est jamais uniforme à un instant donné.

« La température moyenne de juillet 2023 devrait se situer entre 21,8 °C à 22 °C, soit environ +0,8 °C au-dessus de la normale 1991-2020 (15e mois de juillet le plus chaud depuis 1900) », précise Météo-France.

2023 : vers une nouvelle année encore bien trop chaude

Si l’on compare les moyennes de l’année 2023, de janvier à juillet, la moyenne mondiale pour 2023 est la troisième plus élevée jamais enregistrée, avec +0,43 °C par rapport à la période 1991-2020, contre 0,49 °C pour 2016 et 0,48 °C pour 2020. L’écart entre 2023 et 2016 devrait se réduire dans les mois à venir, car les derniers mois de 2016 ont été relativement frais (réduisant la moyenne annuelle à 0,44°C), tandis que le reste de l’année 2023 devrait être relativement chaud à mesure que l’événement El Niño actuel se développe dans le Pacifique tropical, précise Copernicus.

Si El Niño contribue bien à la hausse des températures, la raison fondamentale pour laquelle nous observons de tels records est la libération continue de vastes quantités de gaz à effet de serre par les activités humaines. En effet, les effets d’El Niño n’apparaissent pleinement que dans la deuxième moitié de l’année et les prochains mois seront probablement encore plus chauds : la NASA prévoit de voir les plus grands impacts d’El Niño en février, mars et avril 2024.