🌀 Cyclones ou ouragans, causes et consĂ©quences

Cyclone : définition

On appelle cyclone (du grec kuklos, cercle) une dĂ©pression trĂ©s creusĂ©e (au centre elle peut ĂȘtre infĂ©rieure Ă  950 hPa) d’origine tropicale, c’est-Ă -dire qui naĂźt sous l’influence des fortes chaleurs combinĂ©es aux eaux trĂšs chaudes des latitudes tropicales. D’une durĂ©e de vie d’environ une semaine, le cyclone peut gĂ©nĂ©rer des dĂ©gĂąts colossaux et dĂ©vaster une rĂ©gion entiĂšre.

L’Organisation MĂ©tĂ©orologique Mondiale (OMM) dĂ©finit le cyclone tropical comme « une perturbation d’Ă©chelle synoptique non accompagnĂ©e d’un systĂšme frontal, prenant naissance au-dessus des eaux tropicales ou subtropicales et prĂ©sentant une activitĂ© convective organisĂ©e ainsi qu’une circulation cyclonique, plus intense en surface qu’en altitude ».

On parle de :

  • dĂ©presion tropicale lorsque le vent est infĂ©rieur Ă  62 km/h
  • de tempĂȘte tropicale pour un vent compris entre 62 et 117 km/h
  • et d’ouragan pour un vent qui dĂ©passe 117 km/h.

Lorsqu’un cyclone atteint le stade de tempĂȘte tropicale, il est baptisĂ© selon une liste prĂ©Ă©tablie oĂč alternent prĂ©noms masculins et fĂ©minins.


Régions affectées et saisons cycloniques


Tous les ans, entre 80 et 100 ouragans se forment et la plupart ne touchent pas terre.

  • Sur l’Atlantique Nord, la saison cyclonique s’Ă©tend de juin Ă  novembre. On y observe en moyenne, par an : 20 dĂ©pressions tropicales, 9 tempĂȘtes tropicales, 5 ouragans.

    Les régions tropicales (notament des Caraïbes au golfe du Mexique) sont particuliÚrement affectées par les cyclones qui peuvent, pendant plusieurs semaines, se succéder et dévaster de vastes régions.
  • Dans l’hĂ©misphĂšre sud, la saison cyclonique s’Ă©tend de novembre Ă  avril (Mayotte, Nouvelle CalĂ©donie, PolynĂ©sie Française, La RĂ©union, Wallis et Futuna).
  • Dans l’ocĂ©an Indien la saison cyclonique s’Ă©tend de janvier Ă  mars.
  • A l’ouest de l’ocĂ©an Pacifique ouest la saison des typhons s’Ă©tend de juillet Ă  octobre et principalement d’aoĂ»t Ă  septembre.


Appellations suivant les régions du globe


Les phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques qui dĂ©passent en intensitĂ© les tempĂȘtes (soit 117 km/h), sont dĂ©nommĂ©s diffĂ©remment suivant les rĂ©gions du globe, on parle ainsi de :

  • cyclone tropical (du grec kuklos, cercle) au sud-ouest de l’ocĂ©an Indien et au nord de l’Australie
  • typhon : (portugais tufao, du chinois t’ai fung, grand vent, par l’arabe tufĂąn) : cyclone des mers de Chine et de l’ocĂ©an Indien (ouest du pacifique Nord).
  • ouragan : (espagnol huracĂ n, d’un mot caraĂŻbe) : une des dĂ©nominations des cyclones tropicaux dans l’ouest de l’Atlantique Nord, la mer des CaraĂŻbes, le Golfe du Mexique, le centre et l’est du Pacifique Nord.
  • hurricane (mot anglais venant de l’espagnol huracĂ n) : cyclone tropical ; abusivement utilisĂ© Ă  la place du mot ouragan.
  • baguio aux Philippines.
  • cyclone : baie de Bengale et mer d’Arabie.
  • medicane : contraction de « Mediterranean hurricane » pour un cyclone qui se forme au-dessus de la mer MĂ©diterranĂ©e.


Description physique des cyclones


Un cyclone est un tourbillon de 10 Ă  15 km d’Ă©paisseur enroulĂ© sur lui-mĂȘme, il est constituĂ© d’une masse nuageuse de cumulonimbus, organisĂ©s en spirales qui convergent vers le centre. Cette zone centrale mesure quelques kilomĂštres de diamĂštre (20 Ă  50 km pour les plus importants). Le vent y est calme, le ciel clair (pendant environ 1 heure) : c’est l’oeil.

La vitesse de dĂ©placement d’un ouragan est d’environ 10 Ă  35 km/h et certains peuvent rester stationnaires pendant plusieurs dizaines d’heures comme Dorian en septembre 2019. Par contre, les vents gĂ©nĂ©rĂ©s par un ouragan peuvent atteindre les 300 km/h, et les pluies des quantitĂ©s de plus de 500 litres par m2 en 24 heures (soit ce qui tombe sur Paris en un an) en provoquant des submersions marines, des inondations,des glissements de terrain.

Le diamÚtre total du cyclone peut atteindre 1 000 km (en général il est de 400 à 500 km). Le mouvement de rotation du cyclone est formé de vents supérieurs à 120 km par heure environ.

La pression au centre d’un cyclone peut descendre en dessous de 910 hPa comme en tĂ©moigna le cyclone Mitch qui dĂ©vasta l’AmĂ©rique centrale fin octobre 1988.

La pression la plus basse observĂ©e sur l’Atlantique est de 888 hPa lors du passage de Gilbert en 1988. Par comparaison, l’ouragan Lothar du 26 dĂ©cembre 1999 a engendrĂ© une pression de 960 hPa.

Enfin, l’Ă©nergie libĂ©rĂ©e par un cyclone atteint les 200 Ă  300 kilotonnes par seconde (bombe d’Hiroshima : 20 kilotonnes). Or, cette Ă©nergie est puisĂ©e dans la chaleur des eaux de surface, ce qui les refroidit et permet d’Ă©vacuer le surplus de chaleur emmagasinĂ© dans les zones tropicales.


Cyclones vus de la Station spatiale internationale (ISS) le 30 aoĂ»t 2016, Ă  413 km d’altitude. Dans l’ordre, l’ouragan Lester (Pacifique), puis l’ouragan Madeline (Pacifique) et l’ouragan Gaston (Atlantique).


Les cyclones tournent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hĂ©misphĂšre sud et dans le sens contraire dans l’hĂ©misphĂšre nord. Cette particularitĂ© s’explique par la force de Coriolis.


Comment se forment les cyclones ?


Un cyclone se forme toujours sur l’eau. Ainsi, ils naissent au-dessus de l’ocĂ©an prĂšs de l’Ă©quateur sous l’effet d’une forte Ă©vaporation qui dĂ©clenche des vents convergents. L’air froid s’insinue sous l’air chaud qui se soulĂšve : la dĂ©pression se creuse, une tempĂȘte tropicale se forme. L’air chaud rentre alors en contact avec le jet stream (vents Ă  400 km par heure) qui accĂ©lĂšre les vents. Lorsque les vents sont suffisamment puissants, on parle de cyclone.

Les conditions suivantes sont nécessaires :

  1. température de la mer supérieure à 26,5°C sur au moins 50 m de profondeur ;
  2. forte humiditĂ© et instabilitĂ© atmosphĂ©rique, orages, faible cisaillement vertical des vents. « Le cisaillement vertical du vent est la variation de vitesse et/ou de direction du vent avec l’altitude. Un faible cisaillement permet au cyclone de garder sa structure symĂ©trique verticale et ainsi de se renforcer » (MetĂ©o-France).
  3. latitude supĂ©rieure Ă  5 degrĂ©s pour qu’il y ait la force de Coriolis ;
  4. une faible rugosité du sol donc surtout en mer et sur les cÎtes.


Notons que mĂȘme si toutes ces conditions sont remplies, elles ne sont pas suffisantes pour qu’un cyclone se forme.

Le remplacement du mur de l’oeil du cyclone (Eyewall Replacement Cycle)

Dans le cas de cyclones tropicaux intenses (catĂ©gorie 3 et plus), l’oeil du cyclone vient Ă  se contracter puis a ĂȘtre remplacĂ© par un nouvel oeil engendrĂ© par certaines bandes de pluie extĂ©rieures.

Comme les vents les plus forts se situent dans le mur qui entoure l’oeil, le cyclone faiblit gĂ©nĂ©ralement pendant cette phase de remplacement (ERC pour Eyewall Replacement Cycle), le mur intĂ©rieur Ă©tant « étouffé » par le mur extĂ©rieur.

Enfin, lorsque l’oeil est entiĂšrement renouvelĂ©, le cyclone regagne en puissance.

Le remplacement du mur de l’oeil du cyclone a Ă©tĂ© singulier dans le cas du super-typhon Hagibis.


Classification des cyclones : l’Ă©chelle de Saffir-Simpson


L’Ă©chelle ouverte de Saffir-Simpson, formulĂ©e en 1971 par les AmĂ©ricains Herbert Saffir (ingĂ©nieur) et Robert Simpson (mĂ©tĂ©orologue), sert Ă  graduer les cyclones, ouragans et typhons. Elle tient compte de la vitesse des vents, des dĂ©gĂąts possibles, de la pression baromĂ©trique et de l’augmentation du niveau de la mer. Les cyclones de catĂ©gorie 3, 4 et 5 sont dĂ©signĂ©s comme des cyclones tropicaux intenses (ou majeurs).









La puissance des cyclones tropicaux est Ă©valuĂ©e selon l’Ă©chelle de Saffir-Simpson
Classe ou
catégorie
Pression moyenneVentsmarĂ©e de tempĂȘteDescription
1
(minimal)
> ou = Ă  980 hPa119 Ă  153 km/h1,0 – 1,7 mDommages primaires aux bosquets, arbres, feuillage et aux maisons mal construites. Pas de dĂ©gĂąts aux autres structures. Quelques dommages aux faibles infrastructures. Routes cĂŽtiĂšres basses inondĂ©es, dĂ©gĂąts mineurs sur les jetĂ©es et les petites embarcations qui ont cassĂ© leurs amarres.
2
(modéré)
979 Ă  965 hPa154 Ă  177 km/h1,8 – 2,6 mDĂ©gĂąts considĂ©rables Ă  la vĂ©gĂ©tation, quelques arbres sont dĂ©racinĂ©s. DĂ©gĂąts majeurs aux maisons mobiles exposĂ©es. Gros dĂ©gĂąts aux faibles infrastructures. Quelques dommages aux toitures, aux fenĂȘtres et aux portes. Pas de dĂ©gĂąts majeurs aux bĂątiments. Les routes cĂŽtiĂšres et les routes basses de l’intĂ©rieur peuvent ĂȘtre submergĂ©es 2 Ă  4 heures avant l’arrivĂ©e du cyclone. DĂ©gĂąts considĂ©rables aux jetĂ©es. Les ports de plaisance sont submergĂ©s. Les bateaux de plaisance exposĂ©s cassent leurs amarres. L’Ă©vacuation des rĂ©sidences sur le rivage et des rĂ©gions basses est nĂ©cessaire.

Exemples


3
(Ă©tendu)
964 Ă  945 hPa178 Ă  208 km/h2,7 – 3,8 mLe feuillage des arbres est dĂ©chiquetĂ© ; de grands arbres sont dĂ©racinĂ©s. Pratiquement toutes les faibles infrastructures sont soufflĂ©es. Dommages aux toitures, portes et fenĂȘtres. Quelques dĂ©gĂąts sur les structures des petits bĂątiments. Destruction des maisons mobiles. Inondations sĂ©rieuses sur la cĂŽte ; beaucoup de constructions sur les rĂ©gions proches de la cĂŽte sont dĂ©truites. Les grandes structures cĂŽtiĂšres commencent Ă  ĂȘtre endommagĂ©es par les coups de boutoir des vagues et des dĂ©bris flottants. Les routes intĂ©rieures d’Ă©vacuation sont coupĂ©es par la montĂ©e des eaux 3 Ă  5 heures avant le passage du cyclone. Les terrains situĂ©s Ă  1,5 m au-dessus du niveau de la mer sont inondĂ©s Ă  plus de 10 km de la cĂŽte. L’Ă©vacuation des rĂ©sidences basses Ă  quelque distance du rivage peut ĂȘtre nĂ©cessaire.
4
(extrĂȘme)

944 Ă  920 hPa209 Ă  251 km/h3,9 – 5,6 mToute la vĂ©gĂ©tation est jetĂ©e bas. Dommages sĂ©vĂšres aux toits, portes et fenĂȘtre. Beaucoup de toits emportĂ©s. Destruction complĂšte des maisons mobiles. Inondations de toutes les terres situĂ©es Ă  10 pieds au-dessus du niveau de la mer et ce jusqu’Ă  6 miles Ă  l’intĂ©rieur. DĂ©gĂąts majeurs toutes les structures battues par les flots. Toutes les routes sont inondĂ©es 3 Ă  5 heures avant l’arrivĂ©e du cyclone. Érosion majeure des plages. Évacuation massive et obligatoire de toutes les rĂ©sidences Ă  3 km du rivage.

Exemples


5
(catastrophique)
moins de 919 hPaplus de 252 km/hplus de 5,7 mDégùts massifs, tout est détruit.

Exemples

  • Hugo (918 hPa, 260 km/h, 1989)
  • Andrew (1992, 300 km/h)
  • Camille (1969)
  • Gilbert (885 hpa)
  • Ivan (2004)
  • Katrina (2005)
  • Patricia, le 23/10/2015 : 880 hPa, vents maximum : 320 km/h
  • Irma (Antilles, 2017)
  • Dorian (Bahamas, 2019)
  • Otis 266 km/h, 923 hPa (25/10/2023, Acapulco, Mexique)


Vers une catĂ©gorie 6 sur l’Ă©chelle de Saffir-Simpson ?

Le rĂ©chauffement climatique induit une augmentation des tempĂ©ratures ocĂ©aniques, ce qui fournit une Ă©nergie thermique supplĂ©mentaire pour l’intensification des ouragans.
C’est pourquoi, des chercheurs ont proposĂ© dĂ©but 2024 d’ajouter une 6e catĂ©gorie Ă  l’Ă©chelle ouverte de Saffir-Simpson (Wehner, Michael F. Kossin, James P. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2024).

Cette 6e classe engloberait les tempĂȘtes avec des vitesses de vent supĂ©rieures Ă  310 km/h. En effet, l’analyse historique des tempĂȘtes de 1980 Ă  2021 montre 5 cyclones qui auraient pu ĂȘtre classĂ©s dans cette nouvelle catĂ©gorie 6 ; ils sont tous survenus aprĂšs 2010.

Les rĂ©analyses et la modĂ©lisation climatique suggĂšrent que le risque de tempĂȘtes de CatĂ©gorie 6 augmente de moitiĂ© prĂšs des Philippines et double dans le golfe du Mexique avec un rĂ©chauffement planĂ©taire de + 2 °C au-dessus des niveaux prĂ©industriels.

L’introduction d’une nouvelle catĂ©gorie 6 Ă  l’Ă©chelle ouverte de Saffir-Simpson serait Ă©galement un bon moyen de montrer l’impact du rĂ©chauffement climatique sur l’intensification des cyclones tropicaux.


Des modĂšles informatiques montrent qu’une augmentation de 0,5°C de la tempĂ©rature de l’eau ajoute 3 % Ă  la vitesse du vent.


Conséquences des cyclones


792 millions de personnes étaient affectées par les cyclones tropicaux en 2019, contre 408 millions en 2002. 6 à 12 % de la population mondiale est exposée aux cyclones, principalement en Chine (33 %), Japon (19 %), Philippines (10 %), Taiwan (9%) et USA (4 %) (Jing et al. Nature, 2023)


Les cyclones ne sont pas seulement redoutĂ©s pour la vitesse des vents qu’ils gĂ©nĂšrent mais surtout par les inondations qu’ils provoquent via les submersions marines et les prĂ©cipitations colossales.

Le cyclone le plus meurtrier jamais enregistré est celui qui a frappé le Bangladesh le 12-13 novembre 1970 : environ 300 000 personnes ont été directement tuées par son passage.


Le vent

Des vents de tempĂȘte soufflent en rafales et peuvent provoquer de gros dĂ©gĂąts comme en tĂ©moigne le cyclone Ivan de septembre 2004 avec des vents moyens de 260 km/h et des rafales jusqu’Ă  350 km/h !

Le vent engendre une pression sur les structures :


Vitesse du ventPression exercée
50 km/h13 kg par mÂČ
100 km/h51 kg par mÂČ
200 km/h204 kg par mÂČ

En France, des dégùts notables sont constatés à partir de 120 km/h.

Lorsque les sols sont dĂ©trempĂ©s Ă  cause de pluies abondantes, les arbres risquent donc de se dĂ©raciner facilement, d’autant plus qu’ils sont encore pourvus de leur feuilles (ce qui augmente fortement leur prise au vent).


La submersion marine

la dĂ©pression augmente le niveau de la mer de 1 Ă  7 m. En effet, la diminution de la pression atmosphĂ©rique et donc du poids de l’air entraĂźne mĂ©caniquement la hausse du niveau de la mer. On considĂšre qu’une diminution de la pression atmosphĂ©rique d’un hectopascal (hPa) Ă©quivaut approximativement Ă  une Ă©lĂ©vation d’un centimĂštre de la hauteur d’eau.
Ce phĂ©nomĂšne, connu sous le nom de marĂ©e de tempĂȘte, peut se conjuguer avec la marĂ©e haute. Ce phĂ©nomĂšne s’apparente Ă  un vĂ©ritable tsunami qui dĂ©truit et emporte tout.

Les submersions marines ou inondations cĂŽtiĂšres causent d’importants dĂ©gĂąts directs mais aussi la pollution du rĂ©seau d’eau potable et des sols (et donc des cultures) Ă  cause du sel de l’eau de mer.


Les inondations « éclair »

Les cumulonimbus dĂ©versent parfois des quantitĂ©s considĂ©rables d’eau jusqu’Ă  2 000 mm en 24 heures comme Ă  La RĂ©union

RĂ©sultat : une rĂ©gion entiĂšre peut ĂȘtre dĂ©vastĂ©e, des villes complĂštement rasĂ©es ou noyĂ©es comme en tĂ©moigne le cyclone Katrina d’aoĂ»t 2005 qui a ravagĂ© plusieurs Ă©tats du sud-est des Etats-Unis.

Heureusement, dĂšs que l’ouragan pĂ©nĂštre sur les terres, sa puissance dĂ©croĂźt car il n’est plus alimentĂ© en vapeur d’eau. Mais si il longe lentement un littoral ou reste stationnaire en mer, il peut conserver sa puissance et mĂȘme regagner en intensitĂ© avec les eaux de surface qui sont de plus en plus chaudes Ă  cause du rĂ©chauffement climatique.


Les « secousses de tempĂȘte » (« stormquakes »)

Ce phĂ©nomĂšne gĂ©ophysique encore mal compris a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© par des chercheurs qui ont mis en Ă©vidence une relation entre 10 000 sĂ©ismes survenus entre 2006 et 2019 sur les cĂŽtes de la Nouvelle Angleterre, Floride et du Golfe du Mexique (Etats-Unis) et la prĂ©sence au mĂȘme moment de puissants cyclones.

Les cyclones sont capables de déclencher des vibrations dans le plancher océanique comparables à des séismes de magnitude supérieure à 3,5.

« Pendant la saison des cyclones, les ouragans transfĂšrent de l’Ă©nergie dans l’ocĂ©an sous forme de fortes vagues, qui interagissent avec la terre solide, produisant une intense activitĂ© de source sismique« , explique Wenyuan Fan, professeur assistant au Earth, Ocean and Atmospheric Science Ă  l’UniversitĂ© de Floride et auteur principal d’une Ă©tude publiĂ©e fin 2019 dans Geophysical Research Letters.

Leurs dĂ©couvreurs les surnomment « sĂ©ismes de tempĂȘte » (« stormquakes ») : ils peuvent durer des heures voire des jours, tant que le cyclone est actif.
Cependant, ils ne surviennent pas partout : la topographie des fonds marins et d’autres spĂ©cificitĂ©s ocĂ©anographiques encore inconnues sont dĂ©terminantes.


La pollution

Les inondations qui touchent les zones indutrielles dispersent les polluants qui s’y concentrent vers les zones riveraines en aval, ce qui engendre un risque sanitaire notable pour les populations.

Ce fĂ»t le cas lors du passage de l’ouragan Harvey de catĂ©gorie 4 qui frappa le sud-est du Texas (Etats-Unis) le 25 aoĂ»t 2017 qui entraĂźna des inondations sans prĂ©cĂ©dents dans la ville de Houston. Des Ă©chantillons de sol ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s sur 40 sites autour de la zone de Manchester situĂ©e prĂšs d’une grande autoroute, une importante gare et plusieurs raffineries de pĂ©trole. Des Ă©tudes antĂ©rieures avaient montrĂ© que ce quartier prĂ©sentait un niveau disproportionnĂ© de pollution par les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et donc des risques pour la santĂ©.
Sans suprise, les analyses ont dĂ©tectĂ© des concentrations de HAP plus importantes que la norme, ce qui induit un risque accru de cancer. Les inondations ont ainsi dispersĂ© les polluants (Spatial Distribution of Polycyclic Aromatic Hydrocarbon Contaminants after Hurricane Harvey in a Houston Neighborhood ; Garett T. Sansom et al. – Journal of Health and Pollution (2021) 11 (29): 210308).


Des cyclones en France ?

L’annĂ©e 2019 fut exceptionnelle avec deux cyclones qui ont dĂ©viĂ© de leur trajectoire habituelle pour s’aventurer sur les cĂŽtes atlantiques de l’Europe. Lorenzo fin septembre puis Pablo, fin octobre.

DĂ©jĂ , fin septembre 1952, deux anciens cyclones tropicaux revenaient de l’ouest de l’Atlantique pour traverser la France. Puis, le 4 octobre 1984, l’ancien cyclone Hortense. Le 12 et 13 septembre 1993, les restes du cyclone Floyd affectaient les cĂŽtes atlantiques françaises.

Mais c’est l’ouragan Vince, en 2005 qui pour la premiĂšre fois dans l’histoire de la mĂ©tĂ©orologie contemporaine, s’est dirigĂ© directement vers l’Europe et plus spĂ©cifiquement le sud de l’Espagne. Son impact resta toutefois faible avec des vents Ă  moins de 80 km/h et des pluies abondantes mais non exceptionnelles.

Plus rĂ©cemment, en octobre 2017, l’ouragan OphĂ©lia avait pris naissance au sud-ouest des Açores, puis abordĂ© le sud-ouest de l’Irlande en perdant ses caractĂ©ristiques tropicales avec des rafales comprises entre 140 et 200 km/h.

Notons enfin que des tempĂȘtes « tropicales » peuvent tout Ă  fait se former au-dessus de la mer MĂ©diterranĂ©e, un phĂ©nomĂšne peu frĂ©quent mais violent, appelĂ© medicane. Un medicane se forme Ă  l’automne, profontant des eaux encore chaudes de la mer MĂ©diterranĂ©e. Il prend les caractĂ©ristiques d’une tempĂȘte tropicale avec des nuages enroulĂ©s autour d’un Ɠil, une activitĂ© orageuse intense, des vents forts Ă  la surface de l’eau.
Ce type de tempĂȘte peut atteindre la puissance d’un ouragan de catĂ©gorie 1 et provoquer des dĂ©gĂąts importants sur les cĂŽtes mĂ©diterranĂ©ennes densĂ©ment peuplĂ©es.


L’énergie cumulative des cyclones (ACE)

Afin d’Ă©valuer la puissance gĂ©nĂ©rĂ©e par les cylones, les agences mĂ©tĂ©orologiques comme la NOAA utilise un indicateur appelĂ© ACE pour Ă©nergie cumulative des cyclones tropicaux (en anglais Accumulated cyclone energy).

Il s’agit d’une estimation de la quantitĂ© d’Ă©nergie dĂ©gagĂ©e par un ou de plusieurs cyclones Ă  partir de la vitesse maximale des vents pour chaque pĂ©riode de six heures.

L’Ă©tude de l’historique de cet indicateur permet de dĂ©gager une tendance au renforcement des cyclones, mĂȘme si ils ne sont pas forcĂ©ment plus nombreux :

Energie cumulative des cyclones tropicaux depuis 1970.
© Global Tropical Cyclone Activity | Ryan Maue

Occurence des cyclones et tempĂȘtes tropicales depuis 1970.
© Global Tropical Cyclone Activity | Ryan Maue


La veille cyclonique


L’OMM qui coordonne la veille cyclonique au niveau mondial a dĂ©signĂ© un centre mĂ©tĂ©orologique spĂ©cialisĂ© (CMRS) dans chaque bassin ocĂ©anique :

  • Miami (Atlantique nord et Pacifique nord-est)
  • Tokyo (pacifique nord-ouest)
  • New-Delhi (Golfe du bengale et Mer d’Oman)
  • Nandi (Iles Fidji, Pacifique sud-ouest)
  • Saint-Denis de la RĂ©union (sud-ouest de l’OcĂ©an Indien)


L’impact du changement climatique sur les cyclones

Le changement climatique causĂ© par l’homme doublera la frĂ©quence des plus puissants cyclones tropicaux d’ici 2050 selon une Ă©tude publiĂ©e en avril 2022 dans Science Advances.

La modĂ©lisation rĂ©alisĂ©e par les chercheurs montre que les cyclones les plus intenses (catĂ©gorie 3 ou plus), deviendront plus nombreux Ă  l’Ă©chelle mondiale en raison du changement climatique, tandis que les cyclones tropicaux plus faibles et les tempĂȘtes tropicales deviendront moins frĂ©quentes dans la plupart des rĂ©gions du monde, avec comme seule exception la baie du Bengale.

Ce qui signifie aussi qu’un certain nombre de pays Ă  faible revenu qui connaissent encore peu de cyclones puissants seront davantage exposĂ©s au risque cyclonique : Cambodge, Laos, Mozambique et de nombreuses nations insulaires du Pacifique, telles que les Îles Salomon Îles et Tonga.
À l’Ă©chelle mondiale, c’est l’Asie qui devrait connaĂźtre la plus forte augmentation du nombre de personnes
exposĂ©s aux cyclones tropicaux, avec des millions supplĂ©mentaires exposĂ©s en Chine, au Japon, en CorĂ©e du Sud et au ViĂȘt Nam.

Enfin, cette analyse prĂ©voit que les vitesses de vent maximales associĂ©es Ă  ces cyclones pourraient augmenter jusqu’Ă  environ 20 %.


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