đŸœïž Le menu vĂ©gĂ©tarien hebdomadaire dans les cantines scolaires françaises est obligatoire et pourtant…

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Menus de la semaine dans une Ă©cole maternelle et primaire, juin 2019
De la viande ou du poisson a tous les repas…
CrĂ©dit : Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC0

A votre avis…📋 Etes-vous favorable Ă  l’instauration d’une option vĂ©gĂ©tarienne Ă  chaque repas dans la restauration collective ?

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L’une des rĂ©ponses les plus puissantes Ă  la crise Ă©cologique est sans conteste la vĂ©gĂ©talisation de nos repas. C’est aussi une demande de plus en plus forte dans les cantines scolaires oĂč nos enfants mangent ou gaspillent de la viande sans aucune nĂ©cessitĂ© et de maniĂšre contre-productive pour leur santĂ© et l’Ă©tat de notre planĂšte.

La restauration scolaire, c’est plus d’un milliard de repas servis par an, de la maternelle au lycĂ©e. PrĂšs de sept millions d’Ă©lĂšves sont concernĂ©s. 85 000 tonnes de produits carnĂ©s, 130 000 tonnes de produits laitiers, 250 000 tonnes de fruits et lĂ©gumes et 150 000 tonnes de pĂątes et riz sont distribuĂ©s chaque annĂ©e, pour un chiffre d’affaires d’environ 740 millions d’euro.

Or, l’alimentation reprĂ©sente jusqu’Ă  50 % de l’empreinte environnementale des Français, et 24 % des gaz Ă  effet de serre : « la part carnĂ©e de notre alimentation mais aussi les pratiques agricoles sont donc dĂ©terminantes dans ce bilan » prĂ©cise l’ADEME. Parmi les aliments consommĂ©s, la viande et les autres produits animaux sont de loin les plus grandes sources de pollution Ă  de nombreux niveaux (gaz Ă  effet de serre, dĂ©forestation, contamination des milieux et Ă©cosystĂšmes…).

Or, la viande figure parmi les aliments les plus gaspillĂ©s en restauration collective. Selon une Ă©tude publiĂ©e en 2016 par l’ADEME dans douze cantines collectives en rĂ©gion RhĂŽne-Alpes : en moyenne 17 % des aliments achetĂ©s sont jetĂ©s. La catĂ©gorie “viande, poisson et oeufs” reprĂ©sente 21 % des pertes et gaspillage alimentaire, mais 46 % des coĂ»ts financiers et 77 % des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre induits par ces pertes…

Mauvais pour la santĂ©, inutiles, polluants, coĂ»teux, destructeurs de l’environnement et trop souvent synonymes d’une souffrance cruelle et inacceptable pour les animaux d’Ă©levage, on se demande encore pourquoi les produits Ă  base de viande nous sont servis Ă  toutes les sauces et tous les repas, y compris pour les plus jeunes ! Sous la pression citoyenne, la lĂ©gislation avance timidement en France.

AdoptĂ©e par le Parlement le 2 octobre 2018, la loi pour l’Ă©quilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable (dite loi Egalim) a Ă©tĂ© promulguĂ©e le 1er novembre 2018. Outre quelques amĂ©nagements pour les agriculteurs, elle a instaurĂ© un repas ou option vĂ©gĂ©tarienne dans les cantines scolaires :
« Art. L. 230-5-6.-A titre expĂ©rimental, au plus tard un an aprĂšs la promulgation de la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l’Ă©quilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible Ă  tous, pour une durĂ©e de deux ans, les gestionnaires, publics ou privĂ©s, des services de restauration collective scolaire sont tenus de proposer, au moins une fois par semaine, un menu vĂ©gĂ©tarien. Ce menu peut ĂȘtre composĂ© de protĂ©ines animales ou vĂ©gĂ©tales.

Depuis, la loi Climat et RĂ©silience de 2021 impose un menu vĂ©gĂ©tarien hebdomadaire dans tous les restaurants scolaires en France, publics ou privĂ©s, de la maternelle au lycĂ©e. Cela correspond donc Ă  un menu sans viande ni poisson au moins une fois par semaine. Cependant, aucune sanction n’est prĂ©vue pour les cantines rĂ©fractaires

C’est une premiĂšre Ă©tape mais la loi parle aussi de protĂ©ines animales et fait donc rĂ©fĂ©rence aux oeufs en substitution de la viande et du poisson. Ce qui signifie qu’un menu constituĂ© d’une omelette et ses lĂ©gumes sera considĂ©rĂ© comme un menu vĂ©gĂ©tarien. Autrement dit, l’effort demandĂ© Ă  la restauration collective, tout comme la portĂ©e rĂ©elle de la loi reste minime.

L’obligation d’un repas vĂ©gĂ©tarien par semaine dans les Ă©coles n’est pas respectĂ©e

Et pourtant, cette obligation lĂ©gale somme toute peu contraignante, fait l’objet de nombreux manquements.

Selon une < href= »https://www.vegecantines.fr/publications?utm_campaign=CP_Enqute%20EGalim%20Vgcantines »>enquĂȘte publiĂ©e en fĂ©vrier 2024 par l’Association VĂ©gĂ©tarienne de France, auprĂšs des chefs de cuisine de 567 collĂšges et lycĂ©es en France, la loi n’est pas appliquĂ©e dans 40 % des structures rĂ©pondantes !
En cause : le manque d’accompagnement par l’État ; le manque de moyens financiers, matĂ©riels et humains ; l’absence d’une offre de formation dĂ©ployĂ©e Ă  grande Ă©chelle concernant les enjeux de la vĂ©gĂ©talisation et les compĂ©tences mĂ©tiers associĂ©es ; le manque de sensibilisation des acteurs concernĂ©s et l’absence de coordination des politiques agricoles et alimentaires au niveau local.

La France peu engagée sur la transition alimentaire végétale

Ce « premier pas » demeure donc insuffisant alors que l’on ne compte plus les Ă©tudes qui mettent en avant tous les bĂ©nĂ©fices pour la santĂ©, l’environnement et les animaux d’une alimentation vĂ©gĂ©tale et les Ă©tudes qui montrent au contraire les effets dĂ©lĂ©tĂšres et catastrophiques d’une alimentation carnĂ©e.

QuestionnĂ©e Ă  ce propos, une directrice d’Ă©cole maternelle nous a indiquĂ© que de nombreux trĂšs jeunes enfants scolarisĂ©s souffraient de constipation et prenaient rĂ©guliĂšrement des mĂ©dicaments Ă  ce sujet… La prĂ©sence de viande et de produits laitiers dans de trop nombreux repas n’y est sans doute pas Ă©tranger.

Ainsi, la France traĂźne des pieds alors que l’option vĂ©gĂ©tarienne Ă  tous les repas dans la restauration collective est largement plĂ©biscitĂ©e par les usagers pour des raisons sanitaires, Ă©thiques ou religieuses. En effet, 59 % des Français sont favorables Ă  l’introduction de repas vĂ©gĂ©tariens dans les cantines scolaires, soit prĂšs de 6 Français sur 10. Le chiffre s’Ă©lĂšve Ă  74 % pour les 18–34 ans (sondage Greenpeace‐BVA, 2018).

D’autres pays se sont dĂ©jĂ  engagĂ©s comme au Portugal oĂč l’option vĂ©gĂ©talienne est obligatoire tous les jours dans toute la restauration collective publique (et pas seulement dans la restauration scolaire).

Face Ă  la frilositĂ© de trop nombreux Ă©lus, ignares et plus enclin Ă  dĂ©nigrer la transition alimentaire comme en tĂ©moignent les propos erronĂ©s de la ministre de la SantĂ© AgnĂšs Buzyn qui affirmait en juin 2019 que « les enfants ont besoin de protĂ©ines essentielles, celles que l’on ne trouve pas dans les vĂ©gĂ©taux« , un certain nombre de collectifs de parents se constituent pour demander la pĂ©rennitĂ© et la dĂ©mocratisation d’une option vĂ©gĂ©ta[r/l]ienne dans les cantines scolaires. L’Association VĂ©gĂ©tarienne de France propose dĂ©jĂ  des ressources pour les parents et les acteurs scolaires sur son site vegecantines.fr et milite pour que cette option devienne une rĂ©alitĂ© quotidienne.

Il n’y a pas de raison de limiter le nombre de repas vĂ©gĂ©tariens Ă  la cantine

Suite Ă  l’expĂ©rimentation d’un menu vĂ©gĂ©tarien hebdomadaire dans la restauration scolaire durant deux ans (novembre 2019 Ă  novembre 2021), la Direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ© et la Direction GĂ©nĂ©rale de l’Alimentation a interrogĂ© l’Anses sur l’impact de l’introduction de menus sans viande ni poisson sur les apports nutritionnels d’un enfant scolarisĂ© en Ă©cole primaire et la frĂ©quence hebdomadaire recommandĂ©e (maximale ou minimale) pour les plats vĂ©gĂ©tariens.

« Dans sa premiĂšre rĂ©ponse, l’Agence indique qu’un menu vĂ©gĂ©tarien hebdomadaire en restauration scolaire peut contribuer Ă  la couverture de l’ensemble des besoins nutritionnels des enfants, Ă  la condition qu’il soit Ă©quilibrĂ© et que l’offre vĂ©gĂ©tarienne prenne mieux en compte l’intĂ©rĂȘt des apports en lĂ©gumineuses et en cĂ©rĂ©ales complĂštes.
Dans sa seconde rĂ©ponse, l’Agence souligne que l’augmentation du nombre de menus sans viande ni poisson, sous rĂ©serve de la condition Ă©voquĂ©e ci-dessus, ne modifie pas l’équilibre nutritionnel des enfants. Il n’est donc pas pertinent de proposer une frĂ©quence maximale de tels menus. » prĂ©cise l’Anses. Autrement dit, il n’y a pas de raison de limiter le nombre de repas vĂ©gĂ©tariens.

Des villes s’engagent dĂ©jĂ  dans la transition alimentaire

Certaines villes, Ă©tablissements et restaurants collectifs ont choisi de dĂ©passer le manque de volontĂ© du gouvernement et s’engagent dĂ©jĂ  pour la santĂ© de nos enfants. Ainsi, la majoritĂ© des villes de plus de 30 000 habitants a dĂ©jĂ  introduit les menus vĂ©gĂ©tariens (menus alternatifs pour tous et/ou option vĂ©gĂ©tarienne Ă  la demande). Parmi elles : Agen, Angers, Bayonne, Bordeaux, Clermont‐Ferrand, Grand Poitiers, Grenoble, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Strasbourg, Toulouse, etc. (Ă©tude AVF 2018). Trois villes proposent dĂ©jĂ  2 menus vĂ©gĂ©tariens ou vĂ©gĂ©taliens par semaine : Lille, Grenoble et Paris 19Ăšme.


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