🌸 Les fleurs des champs s’adaptent au dĂ©clin des insectes pollinisateurs

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Abeille sauvage
© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC

Alors que l’effondrement de la biodiversitĂ© s’accĂ©lère comme en tĂ©moigne la disparition de nombreux pollinisateurs, les plantes Ă  fleurs s’adaptent pour survivre. Une fausse bonne nouvelle…

Depuis les annĂ©es 1960, les pratiques agricoles se sont intensifiĂ©es, augmentant les rendements des cultures mais engendrant de lourdes consĂ©quences sur les milieux, les Ă©cosystèmes et la santĂ©. La biodiversitĂ© s’est effondrĂ©e et avec elle celle des insectes pollinisateurs.

On considère qu’au moins un tiers de la production agricole mondiale dĂ©pend d’insectes pollinisateurs sauvages qui, butinant les fleurs de ces plantes cultivĂ©es, permettent la pollinisation essentielle pour la reproduction de nombreuses espèces vĂ©gĂ©tales. 90 % des espèces de plantes Ă  fleurs dĂ©pendent de la pollinisation par les animaux (NSR, 2023).

La 6e extinction massive de biodiversité engendrée par nos activités humaines se concrétise notamment par la disparition de nombreux pollinisateurs dont les abeilles sauvages, également supplantées par les abeilles domestiques élevées pour leur miel.

Les abeilles sont loin d’ĂŞtre les seuls pollinisateurs. En effet, de nombreuses espèces moins connues contribuent Ă  la pollinisation : bourdons, papillons, syrphes, mouches, chauves-souris, coccinelles, tĂ©lĂ©phores…

Dans un environnement appauvri en insectes pollinisateurs, les plantes Ă  fleurs qui se dĂ©veloppent dans les cultures agricoles tendent finalement Ă  s’affranchir des pollinisateurs. Leur reproduction devenant plus difficile, elles Ă©voluent vers l’autofĂ©condation. C’est ce que mettent en Ă©vidence des scientifiques du CNRS et de l’universitĂ© de Montpellier[1] dans une Ă©tude parue dans la revue New Phytologist fin dĂ©cembre 2023.

En comparant des fleurs de pensĂ©e des champs, poussant aujourd’hui en rĂ©gion parisienne (France), Ă  des fleurs de pensĂ©e des mĂŞmes localitĂ©s « ressuscitĂ©es » en laboratoire Ă  partir de graines collectĂ©es[2] entre 1990 et 2000, l’Ă©quipe de recherche a constatĂ© que les fleurs actuelles sont 10 % plus petites, produisent 20 % moins de nectar, et sont moins visitĂ©es par les pollinisateurs que leurs ancĂŞtres. Ces Ă©volutions rapides seraient dues au dĂ©clin des populations de pollinisateurs.
En effet, une Ă©tude, en Allemagne, montre que plus de 75 % de la biomasse d’insectes volants a disparu des aires protĂ©gĂ©es au cours des trente dernières annĂ©es.

Cette apparente bonne nouvelle d’une nature qui s’adapte Ă  de nouvelles contraintes induites par les activitĂ©s humaines n’est pas sans consĂ©quences. L’Ă©tude a mis en lumière un cercle vicieux dans lequel le dĂ©clin des pollinisateurs entraĂ®ne la rĂ©duction de production de nectar par les fleurs, ce qui pourrait, Ă  son tour, aggraver le dĂ©clin de ces insectes… Or les insectes sont un maillon essentiel de la chaĂ®ne alimentaire, notamment pour les oiseaux, les araignĂ©es, les reptiles, batraciens…

En conclusion, cette Ă©tude souligne l’importance de mettre en place des mesures pour enrayer le plus rapidement possible ce phĂ©nomène et permettre le maintien des interactions entre plantes et pollinisateurs, vieilles de plusieurs millions d’annĂ©es…

Notes

  1. Centre d’Ă©cologie fonctionnelle et Ă©volutive (CNRS/UniversitĂ© de Montpellier/EPHE/IRD)
  2. Graines conservées par le Conservatoire botanique national de Bailleul et le Conservatoire botanique national du Bassin parisien.

CC BY-NC-ND Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification

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