🏔️ La fonte inéluctable des glaciers des Alpes

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Massif du Mont Blanc, Chamonix
© André SAAD – Licence : Pixabay

Si la régression des glaciers alpins a débuté il y a environ 150 ans, l’accélération en cours du réchauffement climatique devrait entraîner leur fonte totale dans seulement quelques décennies.

Les glaciers alpins ont connu une période de forte extension au cours du « Petit Age de Glace » entre les années 1550 et 1850. La Mer de Glace s’étendait 1,8 km plus en aval et atteignait le village des Bois dans la vallée de Chamonix ; le glacier d’Argentière, avec 1,4 km supplémentaires, venait mourir au pied du village d’Argentière.

Le paroxysme de l’épisode de progression des glaciers alpins s’est produit entre les années 1760 et 1830. Pourtant, sur la même période, les températures d’été étaient supérieures à la moyenne de celles du 20e siècle, ce qui aurait dû conduire à un recul et une perte de volume des glaciers. Cela s’expliquerait par l’augmentation des précipitations hivernales (supérieures d’au moins 25% par rapport à la moyenne du 20e siècle) et donc de la couverture neigeuse, selon des glaciologues du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (CNRS- Université Joseph Fourier, Grenoble) et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ).

Le phénomène inverse s’est ensuite produit à partir des années 1830-1850 : le recul des glaciers alpins a résulté d’une diminution des précipitations hivernales d’au moins 25%, et non pas d’un réchauffement. En effet les températures d’été demeuraient stables et plus froides que durant les décennies précédentes.

Finalement, l’effet du réchauffement climatique ne devient visible qu’à partir du début du 20ème siècle. Depuis, les fluctuations des glaciers alpins sont principalement liées à l’évolution des températures d’été dans les Alpes, et ce, surtout depuis les années 1980.

Début 2005, Météo-France indiquait que la température dans les Alpes françaises avait augmenté ces quarante dernières années « plus que dans le reste de la France » et C. Vincent du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement soulignait à la fin de cette même année que les glaciers alpins avaient régressé à un niveau encore jamais atteint au cours des quatre derniers siècles !

Le recul inexorable des glaciers alpins

Avec la hausse continue et soutenue des températures, la grande partie des glaciers mondiaux fondent significativement et les glaciers alpins n’y échappent pas.

Déjà en 2006, le glaciologue Michael Zemp et ses collègues, de l’Institut de géographique de l’Université de Zurich montrait qu’en 1970, les Alpes comptaient 5 150 glaciers, sur une surface de 2 909 km², ce qui correspondait déjà à une diminution de 35 % par rapport à 1850 ! Depuis, les Alpes ne comptent plus que 4 000 glaciers avec volume estimé à environ 100 km3.

La fonte des glaciers s’est accélérée notamment suite à la canicule de 2003 au point qu’en 2006, il était estimé que la moitié de la superficie des glaciers alpins avait disparu.

Même si le réchauffement climatique devait s’arrêter complètement – ce qui est maintenant impossible -, le volume de glace dans les Alpes européennes diminuera de 34 % d’ici 2050, ceci en raison de l’inertie du système climatique-glaciaire. Mais, dans le scénario le plus probable, celui que nous suivons, entre 46 % et 65 % du volume de glace sera perdue, comme l’ont démontré des scientifiques de l’Université de Lausanne (UNIL, Suisse), en collaboration avec l’Université de Grenoble, l’ETHZ et l’Université de Zurich, dans une étude internationale publiée début 2024 dans Geophysical Research Letters.

Quand les glaciers alpins disparaitront ?

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Bernina, Alpes Suisse
© hpgruesen / Pixabay – Licence : Pixabay

Alors que les Alpes ont déjà perdu près de 40 gigatonnes de glace depuis 1961, des travaux publiés dans la revue The Cryosphere et présentés lors de l’Assemblée Générale 2019 de l’EGU à Vienne (Autriche) dressent le devenir des glaciers des Alpes d’ici à la fin du siècle.

Même en cas d’une limitation du réchauffement climatique – ce qui semble maintenant impossible – 2/3 du volume des glaciers des Alpes aura fondu. Et dans le cas du scénario le plus probable, ils auront tout simplement disparu en 2 100…

La fonte sera progressive : d’ici 2050 seulement, la moitié du volume des glaciers aura disparu, et ceci, peu importe nos éventuels efforts consentis pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Ceci s’explique par l’inertie du système climatique. Après 2050, « l’évolution future des glaciers dépendra fortement de l’évolution du climat » indique Harry Zekollari, auteur principal de l’étude publiée dans The Cryosphere. « Dans le cas où le réchauffement serait limité, une partie beaucoup plus importante des glaciers pourrait être sauvée » ajoute-t-il.

Quelles sont les conséquences de la fonte des glaciers des Alpes ?

Le retrait généralisé des glaciers des Alpes ne contribuera pas seulement à la hausse du niveau des océans mais modifiera significativement le paysage, l’écosystème et l’économie des Alpes qui sont des régions fortement peuplées.

En effet, les montagnes alpines sont des lieux de tourisme, de loisir mais aussi de véritables réservoirs d’eau exploités notamment pour produire de l’électricité via les barrages et pour irriguer les cultures en aval. Toute la faune et la flore seront également affectés par la raréfaction de cette ressource en eau.
Si la fonte des glaciers contribue à la montée du niveau des mers, elle augmente également le risque d’autres catastrophes naturelles, comme la vidange brutale d’un lac glaciaire et les coulées de débris associées.


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