la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres frappés par le plus puissant séisme de la région

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Séisme de magnitude 5.3 à la frontière entre la Charente-Maritime et les Deux Sèvres, suivi de ses répliques dont une à 4.6
© notre-planete.info / IRSN / BDFA – Licence : CC BY-NC-ND

Le séisme de La Laigne, le plus puissant tremblement de terre contemporain jamais enregistré dans la région, a secoué la frontière entre la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres, entre Niort et La Rochelle, suivi par plusieurs répliques dont une de 4,6

Après un premier séisme de 2.1 (à peine perceptible) à 14h58 le 16 juin 2023 au nord de Surgères, c’est un tremblement de terre modéré (mais notable pour la France) qui a frappé à la frontière de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres à 18h38, entre Niort et La Rochelle, près de la ville de Mauzé-sur-le-Mignon.

Situé à seulement 35 km de La Rochelle et 24 km de Niort, son foyer a été évalué entre 2 à 5 km de profondeur.

Avec une magnitude locale (Ml) estimée entre 5,3 et 5,9, il est potentiellement destructeur et à fait trembler la terre dans un long grondement de plusieurs dizaines de secondes. Il a été perçu très nettement à plus de 50 km à la ronde et ressenti dans une grande partie de l’Ouest de la France, de Bordeaux au Sud jusqu’à Caen au Nord, et jusqu’à Clermont-Ferrand à l’Est. 54 départements français ont été affectés par cet évènement jusqu’à une distance épicentrale maximale de 637 km (Mulhouse, Haut-Rhin).

L’intensité maximale déterminée par les scientifiques est de VII à La Laigne et de VI-VII à Cram-Chaban. C’est le plus puissant séisme contemporain jamais enregistré dans la région.

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Une puissante réplique

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Aperçu des dégâts et collecte des données macrosismiques pour l’estimation de l’intensité de la secousse du 16 juin 2023 par le Groupe d’intervention macrosismique sur la commune de La Laigne (Charente-Maritime)
© BCSF-RENASS – GIM 2023 – Licence : Tous droits réservés

Comme attendu, deux faibles répliques (magnitude 2.5) ont été enregistrées peu de temps après à 19h05 et 19h40 le même jour au sud et à l’ouest du séisme originel.

Mais c’est dans la nuit de vendredi à samedi, à 4h27 qu’une plus puissante réplique de magnitude 4.6 a été ressentie pendant une trentaine de secondes. Son épicentre a été localisé près de Saint Hilaire la Palud dans les Deux-Sèvres à 21 km de Niort. S’en sont suivies trois faibles répliques jusqu’à 30 minutes après (2.3, 2.6 et 2.7). Une nouvelle réplique de 3.4 proche de Niort a été ressentie à 9h31 le 17 juin 2023 puis une autre de 2.1 à 15h13.
Au total, 8 répliques de magnitudes supérieures à 2 ont été enregistrées dans les 24h qui ont suivi.

Selon le bilan des analyses macrosismiques réalisé par BCSF / RENASS et publié mi-janvier 2024, plus de 600 répliques ont été détectées sur une période de quatre mois. Les répliques semblent dessiner un plan de faille vertical de 2 km de long orienté Nord-Sud (décrochement sénestre) entre 2 et 5 km de profondeur, dans le socle cristallin.

Le dernier tremblement de terre significatif en Charente-Maritime est survenu le 28 avril 2016 avec une magnitude de 4.9.

Les origines de ce séisme

« Si le contexte géodynamique est globalement connu à l’échelle des plaques, la connaissance géologique du sous-sol à l’échelle de la région des Charentes Maritimes et régions avoisinantes (terre et mer) ne permet pas aujourd’hui d’affilier ce séisme à une structure tectonique connue », précise le BRGM

Pour mieux comprendre l’origine, les caractéristiques et les conséquences de ce tremblement de terre, 11 experts composants le Groupe d’intervention macrosismique (GIM) inter-organismes, piloté par le BCSF-Rénass sont arrivés le 20 juin 2023 en zone épicentrale.

« Une première analyse géologique permet de déterminer que les épicentres/hypocentres du choc principal du 16 juin à 18h38 et de sa réplique principale le 17 juin à 04h27 sont localisés dans une zone constituée par des couches sédimentaires d’âge mésozoïque épaisses de quelques centaines de mètres qui reposent sur les roches du socle hercynien visible dans le Massif Armoricain. Cette zone correspond à la marge armoricaine du bassin Aquitain. La faille la plus proche du séisme recensée dans la base de données des failles potentiellement capables de produire un séisme (BDFA) est localisée à environ 20 km vers le Nord-Est (Faille de Saint Maixent l’école).
La région épicentrale est par ailleurs localisée au sud du Marais poitevin, une des plus grandes zones humides du pays, avec potentiellement des « alluvions » plus ou moins épais et meubles qui ont localement pu amplifier le mouvement du sol en surface. » précise le Réseau sismologique et géodésique français (Résif).

D’après le bilan des analyses macrosismiques, « tous les mécanismes de rupture (mécanismes au foyer) indiquent un mouvement latéral sur une faille d’orientation est-ouest ou nord-sud (préférentielle d’après la localisation des répliques). Parmi les structures géologiques connues dans la région, les failles principales sont plutôt orientées NO-SE, tandis que d’autres orientations (E-O ou NNO-SSE) se trouvent, en minorité, sur des failles secondaires. »

1 blessé et de nombreux dégâts modérés

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Aperçu des dégâts et collecte des données macrosismiques pour l’estimation de l’intensité de la secousse du 16 juin 2023 par le Groupe d’intervention macrosismique sur la commune de La Laigne (Charente-Maritime)
© BCSF-RENASS – GIM 2023 – Licence : Tous droits réservés

Outre les secousses impressionnantes, un communiqué de la préfecture des Deux-Sèvres fait état d’un blessé léger et de nombreux dégâts matériels notamment sur les bâtiments (fissures, chutes de pierres).
Pour la Charente-Maritime, les dégâts sont comparables et plus d’un millier de personnes ont été privées d’électricité.

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Aperçu des dégâts et collecte des données macrosismiques pour l’estimation de l’intensité de la secousse du 16 juin 2023 par le Groupe d’intervention macrosismique sur la commune de La Laigne (Charente-Maritime)
© BCSF-RENASS – GIM 2023 – Licence : Tous droits réservés

Les personnes les plus proches de l’épicentre ont entendu comme une explosion, ce qui est méconnu mais explicable. « L’ensemble de la population localisée dans les 20 premiers kilomètres a été fortement éprouvée par cette secousse brutale et inhabituelle semblable à une explosion. La panique et quelques traumatismes psychologiques de certains habitants ont été observés lors de notre mission de terrain (description de pleurs et de panique), notamment par les dommages aux bâtiments générés ou la chute d’objets parfois en grand nombre et le déplacement ou la chute de mobiliers légers à lourds mal fixés », précise le bilan des analyses macrosismiques.

Son intensité est comparable aux séisme de magnitude 5,2 qui a frappé l’île d’Oléron le 9 septembre 1972, celui de Parthenay-Gâtine le 9 janvier 1772 et celui du 28 septembre 1935, localisé à Angoumois à proximité de Rouillac.

Au niveau national, il faut remonter au 11 juin 1909 pour trouver un tremblement de terre plus puissant. Le séisme de Lambesc (Bouches-du-Rhône) a eu une magnitude estimée entre 6,2 et 6,6. Le séisme a causé des dommages considérables, notamment l’effondrement de plusieurs bâtiments et la destruction de routes. Il a également été ressenti dans une large région, y compris à Marseille, Aix-en-Provence et Avignon. Le séisme de Lambesc est souvent mentionné comme l’un des séismes les plus importants de l’histoire de la France après celui de Roquebillière en 1887.


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