Comète, astéroïde, météorite, météoroïde, météore, bolide, géocroiseurs : définition
De nombreux objets célestes croisent l’orbite de la Terre et sont inévitablement attirés par la gravité de notre planète. Heureusement, la plupart sont de petits corps qui se désintègrent dans l’atmosphère, traçant des étoiles filantes éphémères qui illuminent les nuits étoilées et nous emerveillent. Ainsi, chaque jour, 40 tonnes cumulées de poussières cosmiques (moins de 2 mm) se déposent sur Terre.
Malheureusement, des cailloux plus massifs ou des comètes peuvent également rencontrer la trajectoire de notre planète. Lorsque les chercheurs ont découvert que la fin des dinosaures était sans doute liée à la chute d’un astéroïde d’une dizaine de kilomètre de diamètre, les recherches sur ce risque majeur pour l’humanité se sont intensifiées. Depuis, les programmes de détection qui en sont issus ont considérablement amélioré la connaissance des objets susceptibles de croiser l’orbite de la Terre.
Quelque 160 cratères, témoins d’une collision passée, ont été recensés sur Terre, il en existe probablement dix fois plus mais ils sont masqués par l’évolution des formes du relief terrestre (érosion, glaciations, soulèvements, inondations…)
La plupart des géocroiseurs (astéroïdes évoluant à proximité de la Terre) proviennent d’une ceinture d’astéroïdes située entre la planète Mars et la planète Jupiter, sans doute issus d’une planète qui n’a pu se former ou qui a été émiettée à cause de la trop forte gravite de Jupiter.
Vue de notre système solaire et de l’évolution des découvertes d’astéroïdes depuis 1980
© Scott Manley
Les impacts récents avec la Terre
En 2013, un bolide de 20 mètres de diamètre explosait au-dessus de Tcheliabinsk en Russie, blessant gravement plus de 1 500 personnes.
Le cratère d’impact le plus récent sur Terre date de 2007 lorsqu’un astéroïde s’écrasa dans un petit village du Pérou.
Un impact d’astéroïde en 1947 dans l’extrême est de la Russie a entraîné la formation du plus jeune champ parsemé de cratères de notre planète : Sikhote-Alin.
L’événement extraterrestre le plus impressionnant et relativement récent s’est produit en 1908, lorsqu’un corps a explosé au-dessus de la Sibérie, couchant littéralement 2 000 km² de forêt.
Si la Terre a été massivement bombardée très peu de cractères d’impact restent visibles à la surface de la Terre.
Astéroïde : les risques et conséquences d’un impact avec la Terre
La taille des astéroïdes détermine les dégâts occasionnés, de petites météorites de moins de 5 m pénètrent régulièrement dans l’atmosphère terrestre sans réel danger. Par contre, les scientifiques estiment qu’une météorite de seulement 500 m de diamètre serait capable de dévaster une région entière, tuant des millions de personnes ; heureusement, le temps de retour d’une telle catastrophe est d’environ 200 000 ans. Enfin, il suffirait d’un astéroïde de plus d’1 km de diamètre pour mettre fin à l’humanité…
Taille | Risque de heurter la Terre | Puissance explosive En équivalent TNT | Nombre estimé | Découverts |
---|---|---|---|---|
Jusqu’à 1 m | Une fois par an | Bombe d’Hiroshima (15 Kt) | 4 millions | < 0,1 % |
1 m à 10 m | Une fois tous les 10 ans | Météorite de Tcheliabinsk (17 à 20 m ; 0,5 Mt) | 1 million | 0,6 % |
10 m à 100 m | Une fois tous les 10 000 ans | Tsar Bomba (Bombe la plus puissante 50 Mt) | 30 000 | 16 % |
100 m à 1 000 m | Une fois tous les 500 000 ans à 1 million d’années | Apophis (375 m ; 750 Mt) | 5 440 | 77 % |
Plus de 1 000 m | Une fois tous les 1 à 300 millions d’années | Chicxulub (fin des dinosaures) (10 à 15 km ; 100 000 000 Mt) | 930 | 98 % |
Combien de géocroiseurs menacent la Terre ?
Bien que les agences spatiales ne soient pas encore en mesure de suivre et d’observer tous les astéroïdes qui pourraient heurter la Terre, le programme Near-Earth Objects (NEOs) de la NASA, créé en 1998, recense un certain nombre de géocroiseurs suivis avec leurs paramètres physiques (taille, vitesse, masse…) et leurs dates de passage près de la Terre.
Ce programme, géré par la NASA et vise à détecter, suivre et caractériser les astéroïdes et comètes potentiellement dangereux qui pourraient s’approcher de la Terre.
Les géocroiseurs
Les objets géocroiseurs (NEOs) sont des astéroïdes et des comètes dont la distance est inférieure à 200 millions de km. La grande majorité des NEOs sont des astéroïdes, appelés astéroïdes géocroiseurs (NEAs).
Près de 34 000 géocroiseurs croisant proches de la Terre (NEOs) ont été détectés par les astronomes au 24 janvier 2024 (CNEOS / NASA) dont moins d’une dizaine font plus d’un kilomètre de diamètre. Notons que des milliards d’astéroïdes bien plus petits passent totalement inaperçus, ce sont eux qui nous émerveillent lorsqu’ils pénètrent dans l’atmosphère de la Terre en produisant des étoiles filantes.
Après les missions WISE et NEOWISE, la recherche d’objets proches de la Terre est un effort continu et collaboratif impliquant plusieurs observatoires et projets à travers le monde. La NASA et d’autres agences spatiales, ainsi que des astronomes amateurs, jouent un rôle essentiel dans cette quête.
Les astéroïdes potentiellement dangereux
Les astéroïdes potentiellement dangereux (PHAs) se caractérisent par des orbites qui croisent à moins de 8 millions de km de la Terre (un peu plus de 20 fois la distance Terre-Lune) et par une taille suffisamment importante (plus de 140 m) pour pénétrer notre atmosphère sans se désintégrer tout en causant des dégâts à une échelle au moins régionale.
Les PHAs sont classés en fonction de leur probabilité de collision avec la Terre. Les PHAs de classe A ont une probabilité de collision supérieure à 1 sur 1 000. Les PHAs de classe B ont une probabilité de collision supérieure à 1 sur 10 000. Les PHAs de classe C ont une probabilité de collision supérieure à 1 sur 100 000.
Nombre d’astéroïdes potentiellement dangereux (PHAs) : 2 393
Donnée : International Astronomical Union’s Minor Planet Center. au 24/01/2024
Voir la liste actualisée de tous les géocroiseurs potentiellement dangereux en approche de la Terre.
En juin 2004, Apophis, un astéroïde d’environ 375 m de diamètre pour une masse de 45 millions de tonnes a été découvert par les astronomes. Dans sa course autour du soleil, cet astéroïde croise deux fois l’orbite terrestre, menaçant directement notre planète d’une collision cataclysmique, heureusement écartée pour le moment.
Notre système solaire dans une configuration défavorable
Une hypothèse soulève le fait que la plupart des cinq extinctions de masse de l’histoire de la Terre coïncident avec le passage régulier du Système Solaire dans une région bien particulière de la Voie Lactée. Ces extinctions se sont produites quand le Soleil était dans un des bras de la Galaxie.
En effet, notre étoile tourne en 226 millions d’années autour du centre de la Galaxie en faisant des vagues de sorte que tous les 35 millions d’années environ, elle traverse le plan de la Voie-Lactée, une zone plus dense en gaz et poussière. Ce passage s’accompagnerait d’une perturbation de l’attraction gravitationnelle à l’intérieur de notre système solaire, multipliant par 10 le risque de collision entre la Terre et des géocroiseurs (comètes, astéroïdes…).
Ce qui n’est guère rassurant lorsque l’on sait que notre système solaire se trouve actuellement dans cette zone de perturbation…
L’échelle de Turin
L’Echelle de Turin permet d’évaluer le risque de collision d’un géocroiseur avec notre planète. Elle a été initiée par Richard Binzel, qui travaille sur le projet depuis plus de 15 ans maintenant. Elle tient compte de plusieurs facteurs : la taille et la vitesse de l’objet céleste, ainsi que sa trajectoire. Les valeurs vont de 0 à 10 sans utilisation des décimales. Cet indice est évalué avant chaque passage de l’objet céleste près de la terre en fonction de l’énergie cinétique (en mégatonnes de TNT) et de la probabilité d’impact avec notre planète.
Niveau | Risques de collision | Conséquences |
---|---|---|
0 | Le risque de collision est nul ou bien en deçà de la chance d’avoir un objet aléatoire de la même taille qui va heurter la terre au cours de ces prochaines décennies. Cette catégorie est attribuée à tout objet qui, dans le cadre d’une collision éventuelle, n’a aucune chance d’atteindre la surface de la Terre intact. | Aucune |
1 | Les risques de collision sont extrêmement improbables dans les décennies à venir. | |
2 | Collision très improbable, mais trajectoire proche de la Terre. Demande l’attention des astronomes mais il n’y a pas de raison de prévenir le public. Des observations ultérieures doivent permettre de requalifier le risque au niveau 0. | |
3 | Trajectoire rapprochée, 1 % de possibilités de collision au maximum avec dégâts localisés. Des observations ultérieures doivent permettre de requalifier le risque au niveau 0. L’attention du public et des autorités est nécessaire, surtout si le risque de collision est inférieur à 10 ans. | |
4 | Trajectoire rapprochée, plus de 1 % de possibilités de collision capable de dévastation régionale. Des observations ultérieures doivent permettre de requalifier le risque au niveau 0. L’attention du public et des autorités est nécessaire, surtout si le risque de collision est inférieur à 10 ans. | Si collision : dégâts régionaux |
5 | Trajectoire rapprochée, menace considérable de collision. Si la collision est prévue pour moins de 10 ans, des mesures gouvernementales doivent être envisagées. | Si collision : dévastation d’une région |
6 | Trajectoire rapprochée, menace considérable de collision. Si la collision est prévue pour moins de 10 ans, des mesures gouvernementales doivent être envisagées. | Si collision : destruction planétaire |
7 | Trajectoire rapprochée, menace extrêmement considérable de collision. Pour un tel événement prévisible à moins de 100 ans, des mesures internationales doivent être planifiées, et notamment l’impérieuse nécessité de déterminer rapidement et avec certitude si oui ou non la collision aura lieu. | Si collision : destruction planétaire |
8 | Collision certaine. Un tel événement se produit tous les 50 à 1 000 ans en moyenne. | Destruction d’une région localisée sur terre ou tsunami en mer |
9 | Collision certaine. Un tel événement se produit tous les 1 000 à 100 000 ans en moyenne. | Destruction massive d’une région sur terre ou méga-tsunami en mer |
10 | Collision certaine. Un tel événement se produit moins d’une fois tous les 100 000 ans en moyenne. | Catastrophe climatique planétaire pouvant menacer l’avenir de l’humanité |
Le site Impac Earth permet de simuler un impact d’astéroïde sur notre planète avec divers paramètres personnalisés.
La fin des dinosaures
L’explication la plus probable de la fin des dinosaures serait la chute d’une météorite. Son cratère à été retrouvé en 1991 dans le Yucatan, au nord-ouest du Mexique. Avec ses presque 200 kilomètres de diamètre, ce cratère avait réussi à passer inaperçu jusque là car il est littéralement enterré sous la péninsule mexicaine. 200 kilomètres de diamètre, cela signifie une énergie libérée un million de fois plus grande que celle de la bombe nucléaire la plus puissante jamais testée ! Et bien l’âge de ce cratère, que l’on appelle « le cratère de Chicxulub », coïncide justement avec l’époque de cette extinction massive.
Lors de l’impact mexicain, des volumes extrêmement importants de soufre, poussières et suies ont été éparpillés dans l’atmosphère en quelques minutes seulement, ce qui provoqua des perturbations environnementales extrêmes comme l’obscurcissement et le refroidissement global de la planète, et par la même l’extinction de 70% des espèces de l’époque. L’histoire ne dit pas comment 30% survécurent…
Dévier un astéroïde, c’est possible ?
La réalité a dépassé la science-fiction : le 26 septembre 2022, l’impacteur DART de la NASA s’est écrasé à grande vitesse sur Didymoon, la petite lune de l’astéroïde Didymos avec succès ! L’impact a été si violent qu’il a dévié l’orbite de Didymoon d’environ 70 mètres. Cette mission, baptisée AIDA, était une première mondiale. Elle a permis de tester une nouvelle technologie de défense planétaire qui pourrait être utilisée pour dévier un astéroïde menaçant la Terre.
L’Agence spatiale Européenne prévoit de lancer une nouvelle mission, Hera, en 2024. Cette mission étudiera les effets de l’impact de DART sur Didymoon. Elle utilisera des instruments plus sophistiqués que ceux de l’orbiteur AIM pour obtenir des données encore plus précises.
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